Sous le feu de la Troïka et des ministres des finances européens, Chypre a été bradée au nom de la finance. Mais à Nicosie la mèche est allumée.Chypre, petite île de la Méditerranée, colonie britannique jusqu’au 1960, divisée en deux depuis l’invasion turque en1974, ne dépasse pas 1 million d’habitants. Son secteur bancaire ne constitue qu’un pourcentage infime de celui de l’Union européen (0.2 %).Par sa position géographique, Chypre présente aussi un intérêt stratégique pour tout ce qui se passe au Proche et au Moyen Orient. Ce n’est pas un hasard si, 53 ans après l’indépendance de Chypre, les bases militaires de « sa majesté » sont toujours là. Elles ont étés utilisées pour faire la guerre contre l’Irak ou la Libye. L’Otan est bel et bien présent à Chypre, ainsi que les Russes avec leurs investissements et leurs intérêts propres… L'enjeu est enfin de faire main basse sur les richesses naturelles de l’île : du gaz naturel découvert dans la mer de Chypre. Une richesse que personne ne peut refuser : ni la Troïka, ni la Russie, ni Israël, ni la Turquie…Un nouveau gouvernement au service de la financeDéjà en 2004, en laissant la partie chypriote turque hors de l’Union, l’Europe avait démontré que les peuples étaient le dernier de ses soucis. Et l’entrée dans l’Union européenne a été catastrophique pour une grande partie des Chypriotes : destruction des petits éleveurs, agriculteurs, artisans, augmentation du chômage (à 20 %)…Aujourd'hui, dans cette période de crise financière, en s’appuyant sur l’arrivée au pouvoir depuis un mois du nouveau président de droite Nicos Anastassiades, la Troïka a osé ce qui n’a pas été encore imposée ailleurs.Depuis dix jours, la situation est particulièrement dramatique pour la grande majorité des Chypriotes. Mais dès l’annonce du Mémorandum, le peuple chypriote a montré que d’autres solutions sont possibles. Par ses mobilisations, il a obligé le Parlement à voter contre les mesures dictatoriales de la Troïka. Pas un seul député, même ceux de droite, n’a osé voter pour les politiques d'austérité que voulaient imposer les classes dirigeantes européennes. Toutefois, mais cela n’a pas été suffisant. Avec arrogance et cynisme, la Troïka a poursuivi son chantage et ses pressions inadmissibles pour que son projet soit accepté.Nous sommes tous des Chypriotes !Le gouvernement chypriote s’est bercé d’illusions en pensant trouver des solutions alternatives du côté de la Russie. Devant l’impasse des négociations à Moscou, le Parlement chypriote a voté le vendredi 22 mars une série de mesures antipopulaires dont une assez révélatrice renforçant les pouvoirs de la Banque centrale au détriment du pouvoir politique. À l’annonce des dernières mesures prise par l'Eurogroup le lundi 25 mars, mesures dont l’application ne nécessite plus le vote du Parlement, les mobilisations des travailleurs, surtout du secteur bancaire, se poursuivent à Chypre.Les gouvernements européens essayent de nous convaincre que les mesures d’austérité constituent est la seule issue. Aucune solution juste ne peut être trouvée dans le cadre de l'Eurogroup et du diktat de la Troïka. La solidarité avec le peuple chypriote et tous les peuples en lutte doit se traduire par une généralisation des résistances européennes, seule chose qui rend possible émergence d'une alternative.Correspondante