Publié le Jeudi 14 décembre 2023 à 08h00.

COP28 = COP des fossiles

Avec une température mondiale moyenne de 1,46 °C au-dessus de la moyenne de l’ère préindustrielle, l’année 2023 est la plus chaude de l’histoire (rapport Copernicus du 6 décembre). C’est dire si le temps presse. Pourtant une fois de plus, inutile de compter sur la COP28 qui se déroule à Dubaï pour ralentir la course à la catastrophe.

 

Elle s’annonçait comme la COP des fossiles, tant par sa présidence que par le nombre record — quatre fois plus qu’en 2022 — des lobbyistes fossiles. En dépit d’une intense communication pour faire croire à des avancées, elle fait plus que confirmer les pires craintes. Le décryptage est donc indispensable car « elle traduit un repositionnement tactique des principaux producteurs de combustibles fossiles, le pétrole et le gaz en particulier » C’est ce qu’analyse une contribution de notre camarade Daniel Tanuro1 dont cet article propose un bref aperçu.

Les énergies fossiles présentées comme une partie de la solution

Ni mentionnés dans la Convention cadre des Nations unies sur le Changement climatique de 1992 ni dans l’accord de Paris en 2015, les combustibles fossiles n’apparaissent dans les textes qu’en 2021 (COP26 à Glasgow) et encore ne s’agit-il que de leur réduction et non de leur abandon.

Cependant les groupes énergétiques, multinationales ou compagnies nationales (saoudienne, émiratie, norvégienne…), doivent soigner leur image d’autant qu’ils affichent des « profits obscènes » alors que l’injustice climatique est toujours plus criante. Ils doivent donc « anticiper, s’adapter à la pression montante », « se positionner au centre du jeu en présentant le secteur comme la partie ­principale de la solution plutôt que comme la source principale du problème ».

Cette OPA sur la COP est menée par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite en se positionnant comme des porte-parole du droit au développement du « Sud global », avec une démagogie faussement « anti-impérialiste », alors que leurs dirigeants nagent dans une fortune insolente, oppriment leurs peuples et pressurent sans pitié les travailleurEs immigréEs.

La « bonne nouvelle » du lancement, enfin, du fonds pour les « pertes et préjudices » décidé en 2021 participe de cet affichage sans rien résoudre car la Banque mondiale supervisera le fonds (exigence des États-Unis), les contributions seront non obligatoires et pour la plupart sous forme de prêts.

Parler des émissions de CO2 et non de l’utilisation

Principal tour de passe-passe, parler des émissions nettes et non de l’utilisation des énergies fossiles — « on peut polluer, il suffit de balayer le CO2 sous le tapis », de prétendre le capturer et le stocker.

L’instrument de cette entourloupe est l’expression « Unabated », en français « sans abattement », qui se retrouve systématiquement accolée aux mots « énergies fossiles » ou « charbon » dans le projet de déclaration finale de la COP.

De même, la Charte de la décarbonisation du pétrole et du gaz (OGDC) présentée comme ­historique » et signée par 50 compagnies fossiles qui s’engagent « à mener des opérations nettes à zéro d’ici à 2050 au plus tard » ne dit pas un mot sur la réduction de la production. Il s’agit d’une pure opération de poudre aux yeux.

Lutte des peuples pour arrêter la catastrophe

Enfin, le président de la COP pousse des gouvernements à conclure des engagements partiels sur de nombreux sujets : des déclarations non contraignantes… mais soigneusement relayées vers les médias, afin de donner l’impression que le sommet accumule les succès. Il en va ainsi de l’engagement de 22 pays pour tripler les capacités de l’énergie nucléaire d’ici 2050 dans lequel Macron s’est illustré.

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a beau déclarer que ces propositions « ne sont clairement pas à la hauteur de ce qui est nécessaire », il est clair, comme le dit Daniel Tanuro2 que « les COP prennent leurs décisions au consensus entre gouvernements capitalistes, tous adeptes des politiques néolibérales, tous dévoués corps et âme à la compétitivité d’une économie qui, trente ans après le sommet de Rio, dépend toujours à 80 % des énergies fossiles. Une seule chose est certaine : seule la lutte des peuples pour une alternative anticapitaliste peut arrêter la catastrophe ».