Notre camarade Salameh Kaileh, qui a déjà été détenu pendant plus de huit ans dans les geôles du régime, a été arrêté par les forces de sécurité syriennes, le 24 avril. Nous publions ci-dessous des extraits d’un article qu’il a écrit et transmis à Al Akhbar la veille de son arrestation.
Il est maintenant clair que la question posée est davantage celle du sort de ce régime que celle de l’état de la révolution…À l’intérieur, la guerre ne vaincra pas la révolution. Elle risque d’affaiblir son bras armé en raison de la puissance disproportionnée de l’État, mais il ne peut pas arrêter le mouvement populaire qui ne montre aucun signe d’affaiblissement...
Cette situation pourrait conduire à l’un des deux scénarios. Tout d’abord, cela pourrait entraîner une baisse des moyens de l’État et un affaiblissement des institutions répressives, conduisant à l’escalade de la révolte et à « l’occupation des places », conformément au rêve des rebelles, et donc ensuite à la chute du régime.
L’autre option implique une désintégration interne majeure faisant en quelque sorte tomber le régime et imposant une solution qui mettrait fin aux assassinats et qui réaliserait certaines des exigences de l’insurrection. À l’extérieur, les Russes ne peuvent pas protéger le régime indéfiniment, surtout en raison de son impuissance à mettre fin au soulèvement et à sa faiblesse interne globale…
Les États-Unis, qui ne veulent pas renverser le régime (au moins pour l’instant), poussent habilement les Russes vers le bourbier syrien…
Par conséquent, les États-Unis (de même que l’État sioniste) ne veulent pas d’une fin rapide du conflit en Syrie. Ils ne sont pas concernés par la victoire de la révolution…
Même si les Russes reculent sur l’exercice du droit de veto au Conseil de sécurité, il n’y a pas de signe d’une intervention militaire en Syrie. Au contraire, les pays impérialistes penchent en faveur d’une aggravation de la situation... Ainsi, les Russes apparaissent être ceux qui exercent une pression sur le régime plus qu’autre chose, ce qui prolonge le conflit sans mener à l’effondrement de l’État […].
Une solution sans départ du régime n’est pas possible, de même que l’invention d’une « unité nationale » ne peut constituer une issue. Le conflit a dépassé toutes les solutions cosmétiques que proposaient les Russes et maintenant ils ont besoin d’une solution réelle. Ils doivent renoncer à soutenir le régime et à le protéger. C’est possible, sans crainte de l’intervention occidentale inexistante et exagérée pour justifier la violence contre le peuple syrien…
Une révolution d’un an et un mois a amené le pouvoir à l’isolement […].
Lorsque le peuple exige le changement, rien ne peut arrêter la révolution, sauf si le changement se réalise. C’est quelque chose d’évident que nous avons appris de l’histoire et ceci se déroule aujourd’hui sous nos yeux, avec le pilonnage et les tirs de rockets (qui n’ont pas visé l’État sioniste) déclenchés contre les quartiers et les villes. 2011 n’est pas 1980. Le plan qui a marché à cette époque est aujourd’hui un échec parce que c’est le peuple qui participe à la lutte et pas seulement un petit fragment confessionnel.
Salameh Kaileh 25/04/2012