Ce dimanche 25 février 2018, nous étions plus de 10 000 manifestant.e.s (avec ou sans papiers) à prendre la rue pour crier notre refus de la politique raciste et anti-migratoire du gouvernement belge, mais aussi indirectement contre l'Europe forteresse.
En décembre 2017, nous apprenions que des SoudanaisEs expulsés par la Belgique avaient été victimes de torture à leur retour au Soudan. Une association ayant récolté leurs témoignages a lancé l’alerte, s’agissant d'une violation de l'article 3 de la convention européenne des droits humains. En effet, un pays ne peut pas expulser des personnes qui risquent la torture et un simple doute doit empêcher l'expulsion.
Theo Francken (secrétaire d'État à l'Asile et aux migrations, connu pour ses nombreuses provocations racistes et ses amitiés avec d'anciens collaborateurs nazis) avait collaboré avec la dictature d'Omar el-Béchir (président du Soudan poursuivi par la cour pénale internationale pour crimes de guerre et crime contre l'humanité) en septembre 2017, afin d'identifier les migrantEs soudanais et « aider » la Belgique à les expulser plus rapidement.
Violence de la politique anti-migratoire
Au Parc Maximilien (lieu de rencontre des candidatEs réfugiés à Bruxelles), des milliers de citoyenEs se sont organisés pour soutenir les personnes migrantes. Cela fait plusieurs mois que le gouvernement procède à des rafles policières violentes. Pour éviter que les candidatEs réfugiés en soient victimes, et par urgence humanitaire, la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiéEs organise tous les soirs l'hébergement de centaines de personnes dans toute la Belgique. La population s'auto-organise pour s'opposer à la politique de répression raciste du gouvernement. Des citoyenEs hébergeurEs ont rapidement été confrontés à une réalité méconnue et à la violence de la politique anti-migratoire.
Suite au scandale des tortures au Soudan, les premierEs à avoir tenté de s'organiser ont été les soutiens à la politique de Theo Francken. Le rassemblement n’a compté que 10 participantEs, ce qui n'a pas empêché les médias d'en faire la publicité. Dès lors, un appel a été lancé par les collectifs autogérés de sans-papiers en lutte afin d’organiser une contre action. Pour la première fois depuis longtemps, des organisations militantes (y compris la Gauche anticapitaliste et les JAC) se sont unies à des associations humanitaires. En deux jours, nous avons lancé un appel « Soyons plus que 10 » pour le 30 décembre 2017. À notre grande surprise, nous étions plusieurs centaines à nous rassembler pour exiger la démission de Theo Francken.
D’autres actions ont été menées dans la foulée.
Une mobilisation croissante
Le 13 janvier, nous appelions à manifester massivement pour sa démission. 60 organisations signaient l’appel, y compris les deux plus grands syndicats belges. 8000 manifestantEs ont alors défilé dans les rues.
Le 21 janvier, nous apprenions de source policière qu'une grande rafle était prévue au Parc Maximilien. Deux jours avant, un appel à s'y opposer et former une chaîne humaine a été lancé et a rassemblé 3000 personnes. La police n'a pas osé approcher.
De nouvelles attaques ont eu lieu ou sont en préparation : un projet de loi autorisant les rafles aux domiciles des personnes ayant reçu un ordre de quitter le territoire (ou au domicile d'unE tiers hébergeurE) ; le 9 février une rafle policière a été organisée dans une association culturelle travaillant avec des personnes sans-papiers et réfugiées ; le gouvernement souhaite également s'attaquer au droit à se soigner pour les personnes sans-papiers en réformant « l'aide médicale urgente ».
C'est pourquoi, le 25 février, plus de 120 organisations se sont jointes à un nouvel appel. Cette fois-ci, nous avions de réelles revendications, telles que la régularisation des sans-papiers, la suppression du projet de loi sur les rafles à domicile, la libération des personnes arrêtées le 9 février, l’accueil de toutes les personnes fuyant leur pays ...
Ce mouvement qui avait surtout commencé dans la partie francophone du pays s'est maintenant élargi dans la partie flamande. Nous continuons à y travailler afin de construire sur le long terme un réel mouvement antiraciste large, unitaire et le plus radical possible.
À Bruxelles, Axel Farkas