Publié le Samedi 9 octobre 2010 à 14h49.

Équateur : non au coup d’État !

Le 30 septembre, un secteur important de la police nationale s’est insurgé et a séquestré dans un hôpital l’actuel chef de l’État, Rafael Correa, après la suppression de certaines primes salariales de policiers et de militaires. Cette tentative de coup d’État a échoué. Le sommet du corps militaire a exprimé son appui à Correa, et une très forte mobilisation populaire a manifesté dans les rues contre cette action. Quito a aussi reçu le soutien des gouvernements de la région. Rafael Correa a donc été libéré quatorze heures plus tard, les policiers émeutiers ne trouvant appui quasiment nulle part. Ces dernières années, de nombreuses mesures positives portées par la population ont provoqué une très forte opposition des secteurs conservateurs du pays habitués à compter sur le gouvernement pour défendre leurs intérêts. La constitution de 2008 issue d’un processus démocratique, la fin de la présence de l’armée américaine sur la base de Manta, la suspension du remboursement de la dette publique, l’augmentation des dépenses sociales, le refus d’exploiter le pétrole situé dans le sous-sol amazonien, sont des mesures qui ont vivement agacé la droite et l’impérialisme états-unien. Pourtant, de plus en plus de gages ont été donnés aux pays impérialistes et aux transnationales. Récemment, Rafael Correa s’est dit prêt à signer de nouveaux accords de libre commerce, permettant l’exploitation des ressources par des transnationales et menaçant les populations paysannes et indigènes. Cette politique est vivement contestée par les mouvements sociaux qui se sont mobilisés. Le pouvoir était donc affaibli et les policiers ont tenté de faire passer leur putsch pour une contestation sociale et salariale. La brèche est donc ouverte pour la droite qui est prête à une issue par la force. Mais, au-delà du contexte équatorien, la situation du continent sud-américain est très préoccupante. Celui-ci vit un retour de la droite au pouvoir comme au Mexique et au Chili, et des percées électorales significatives comme au Venezuela. Le coup d’État au Honduras en juin 2009 a ouvert la porte aux épreuves de force contre les États les plus progressistes. Sans compter que l’armée américaine a renforcé son dispositif de guerre sur le continent, notamment en Colombie. Le temps des coups d’État avec leurs cortèges de morts et leurs régimes de terreur n’est donc pas fini… les mouvements sociaux et les populations le savent. L’enjeu est à la fois d’empêcher toute tentative de coup d’État tout en approfondissant la lutte pour l’émancipation des peuples.