À Gaza, la mise en œuvre de la première phase du cessez-le-feu a débuté, et sans surprise, pour l’instant, seul le Hamas respecte ses engagements. Près d’une cinquantaine de violations de l’accord par Israël ont été documentées et les bombardements se poursuivent, faisant déjà plus de quarante mortEs.
La semaine dernière, vingt chefs d’État se réunissaient à Charm el-Cheikh pour le « Sommet pour la paix » organisé par Trump, essentiellement destiné à lui permettre de s’autocongratuler d’avoir « mis fin à la guerre ».
Un sommet pour une paix coloniale
Lors du sommet, où était convié Mahmoud Abbas, une feuille de route sur la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu a été discutée, sans aucun représentant du Hamas. Signe, une fois de plus, que si la Palestine est bien redevenue une question internationale centrale, les puissances impérialistes et régionales pensent pouvoir la régler sans les PalestinienNEs — du moins celles et ceux qui ne collaborent pas avec Israël.
Ce sommet sonne creux face à la réalité de ce qu’il se passe à Gaza. Des milliers de PalestinienNEs ont pu regagner le nord du territoire d’où iels avaient été obligéEs de fuir. Iels retrouvent un paysage dévasté où la majorité des habitations ont été rasées et sont contraintEs, à nouveau, de s’installer dans des tentes de fortune. Au final, Israël continue de contrôler près de 60 % du territoire, les PalestinienNEs n’ont tout simplement parfois pas la possibilité de retourner chez elleux.
La colonisation et l’apartheid se poursuivent
L’aide humanitaire elle-même est toujours bloquée par Israël, qui contrôle encore la frontière à Rafah : plus de 170 000 tonnes d’aide sont en attente d’être distribuées. C’est aussi le matériel nécessaire pour retrouver les corps sous les décombres qui est bloqué. L’évacuation des blesséEs et des malades est également rendue impossible par la fermeture du point de passage. Le prétendu retard du Hamas dans la restitution des corps a déjà servi de prétexte à la reprise des bombardements, qui ont fait des dizaines de mortEs, alors qu’il est évident que la recherche des corps va prendre du temps.
Comme si la paix était possible alors que la colonisation et l’apartheid se poursuivent, les rédactions ont fait leurs éditions spéciales sur le retour des vingt otages israéliens — en grande partie des soldats. En revanche, rien sur les otages palestinienNEs, dont les familles ont même été interdites de se réjouir publiquement de leur libération, sous peine d’arrestation. Les images et les vidéos des prisonnierEs montrent des membres amputés, des personnes en fauteuil roulant, éborgnéEs, amaigries. Les témoignages confirment le traitement infligé aux PalestinienNEs dans les prisons israéliennes : tortures quotidiennes et viols. Israël ne s’en cache pas : les corps rendus dans le cadre de l’accord portent les traces de mutilations et de sévices subis, les mains parfois encore attachées dans le dos.
1 968 PalestinienNEs ont été libéréEs des prisons israéliennes. Parmi elleux, 154 ont été déportéEs de force en Égypte, sans pouvoir revoir leurs proches. Plus de 9 100 PalestinienNEs sont toujours otages, constante monnaie d’échange pour le régime israélien. Parmi elleux, le docteur Hussam Abu Safiya, qui avait été kidnappé à l’hôpital de Kamal Adwan, est toujours en détention administrative.
Pas de retour au statu quo
Si le cessez-le-feu a été imposé à Netanyahou, la reprise des bombardements montre le peu de volonté qu’a réellement Israël de le mettre en œuvre, surtout après le retour de ses otages. Cependant, il n’y aura pas de retour au statu quo, à la reprise des massacres ou à la normalisation du régime génocidaire. Nous devons continuer d’exiger des sanctions et d’intensifier le boycott contre Israël, notamment dans les domaines culturel et sportif. Surtout, nous devons continuer à faire pression sur notre gouvernement et bloquer les livraisons d’armes, alors que le média Disclose a révélé un nouveau contrat de livraison de pièces françaises pour la fabrication de drones à destination d’Israël.
Sulalat