Publié le Mardi 15 avril 2025 à 08h00.

Glauber Braga, un député dérangeant au Brésil

Depuis le 10 avril, Glauber Braga, militant et député du Parti Socialisme et Liberté (PSOL), à Rio, au Brésil, est en grève de la faim pour contester la décision du Conseil d’éthique de la Chambre des députés, majoritairement de droite, d’annuler son mandat de député. La raison ? Violation du protocole parlementaire. Sans commune mesure avec la gravité de la décision d’annuler son mandat. Un recours est possible et doit être soumise à l’approbation du Parlement.

La plainte contre Glauber Braga a été portée en avril 2024 par le Mouvement Brésil Libre (MBL), un groupement d’extrême droite. En 2024, un des membres de ce groupe, qui provoquait depuis plusieurs semaines voire des mois Glauber Braga, a offensé sa mère mourante de façon intolérable. Ce procédé, utilisé par les militants d’extrême droite, consiste à provoquer un militant de gauche, en essayant de lui faire «perdre la tête» pour filmer et divulguer ce «combat contre la gauche» sur les réseaux sociaux. Cette fois, le député a répondu avec un coup de pied.

Un procès vengeur contre Braga

Le président de la Chambre des députéEs de l’époque, Arthur Lira, a mené le procès contre Glauber Braga, comme une vengeance contre ses dénonciations au Parlement brésilien à propos du budget dit « secret ». Il s’agit d’une méthode opaque d’obtention de fonds publics pour des projets d’intérêt des députés et sénateurs. Ces fonds sont alloués et approuvés par les parlementaires sans information, ni sur le montant, ni sur les noms des parlementaires impliquéEs. Lira est le principal responsable et bénéficiaire de cette procédure.

Cette étrange méthode existe depuis 2020. Selon le tribunal suprême fédéral (STF), Lira est l’objet d’une enquête pour la distribution de 4,2 milliards de réaux (environ 600 millions d’euros) ces deux dernières années.

D’autres persécutions de la droite institutionnelle se mettent en place dans les villes où des conseillères et conseillers du PSOL dénoncent le génocide contre le peuple palestinien. Ces méthodes utilisées par les forces de droite ne sont pas propres aux usages du Parlement au Brésil, et elles ont tendance à se multiplier dans les différents pays, y compris en France.

Un soutien large et sans faille à gauche

Aujourd’hui, le Brésil, connaît une spectaculaire vague de soutien à Glauber Braga pour le recours à la décision du Conseil d’éthique du parlement. Elle peut être la voie vers de grands espoirs pour les travailleurEs. De nombreux syndicats, des organisations indigènes, des organisations de différents mouvements sociaux, se prononcent pour la dérogation du procès de Glauber Rocha. La Fédération nationale des pétroliers affiche sur son site : « le mandat populaire qui gêne les puissants », et ajoute qu’«il s’agit d’un nouvel épisode de persécution politique contre l’un des rares parlementaires qui ne s’est jamais plié aux intérêts des élites ennemies des travailleurEs».

La campagne pour sa défense mobilise toute la gauche. La gauche non parlementaire, comme le PSTU, défend également le mandat de Glauber, un député très respecté aussi par la gauche plus radicale.

Le PSOL, parti très divisé entre les secteurs plus à gauche et ceux plus proches du gouvernement Lula, s’est uni pour défendre le mandat de Glauber.

Gleisi Hoffman, ministre du gouvernement Lula chargé des relations avec le Parlement, et Lindbergh Farias, chef du groupe parlementaire du PT, se mobilisent également pour la défense de Glauber. En d'autres termes, la campagne pour sa défense mobilise toute la gauche.

Cette unité dans la lutte peut être de bon présage pour la lutte de classes au Brésil. L’invitation à rejoindre le mouvement de solidarité à ce militant précieux pour les luttes des travailleuses et travailleurs du monde entier !

Fernanda Malafatti et João Machado, militantEs du PSOL et de la Section brésilienne de la IV Internationale, traduction par Béa Whitaker