Le 22 mai, le British Trades Union Council (TUC) a appelé à une manifestation d’urgence sous le slogan « Protéger le droit de grève ». La manifestation a lieu alors que le projet de loi mal nommé 1 du gouvernement conservateur sur le service minimum retourne à la Chambre des communes.
Doivent y être examinés les amendements visant à atténuer la loi adoptée par la Chambre des Lords. Quelles que soient les manœuvres parlementaires, il est probable que ce projet devienne bientôt une loi.
Le TUC a raison de dire que cette loi porte fondamentalement atteinte au droit de grève — alors que nous avons déjà les lois syndicales les plus restrictives d’Europe. Toutefois, leur réponse est tout à fait insuffisante.
Actions « préventives »
Les droits syndicaux ne sont pas les seuls à être mis à mal. Ces dernières semaines, les forces de police ont intensifié leurs actions préventives. Aujourd’hui, il n’existe pas de véritable droit de contester.
À l’approche du couronnement, le 6 mai, des manifestants du groupe Republic, qui avaient communiqué avec la police au sujet de leurs projets, ont été arrêtés avant même qu’il ne se passe quoi que ce soit. L’un d’entre eux a été détenu pendant 16 heures après avoir été interpellé par des agents qui le soupçonnaient, ainsi que d’autres, de porter des dispositifs « lock on » afin de s’attacher à des objets.
Trois bénévoles travaillant à la réduction de la violence à l’égard des femmes et des jeunes filles, la nuit précédente, ont été placés en détention « pour suspicion de complot en vue de commettre une nuisance publique ». La police a déclaré avoir « reçu des informations » selon lesquelles des personnes « prévoyaient d’utiliser des alarmes anti-viol pour perturber le cortège ».
Riposte nécessaire contre la répression et pour défendre les droits démocratiques
Le comportement musclé de la police de la ville de Leicester, dans les Midlands de l’Est, en réponse à une manifestation pro-palestinienne devant l’usine d’armement Elbit, a fait l’objet de moins de publicité. Elbit Systems est le principal fournisseur d’armes de l’armée israélienne, et en particulier de 85 % de la flotte de drones militaires d’Israël. Le groupe de campagne Palestine Action (PA) a ciblé l’entreprise ces dernières années avec un certain succès, forçant à la fermeture d’une usine à Oldham, dans le nord-ouest.
À cette occasion, les militantEs avaient annoncé leur intention de mettre en place un blocus devant l’usine. Deux membres éminents ont été arrêtés sur l’autoroute à la sortie de la ville, tandis que d’autres manifestantEs se sont vu confisquer leurs tentes dans l’espoir — malheureux — de saper leurs plans.
Ces deux opérations menées par l’État se sont déroulées dans le contexte de modifications de la loi qui criminalisent les « nuisances potentielles », ce qui laisse une grande marge de manœuvre à la répression. Le comportement de la police à l’égard d’une manifestation pro-trans et anti-extrême droite dans le sud de Londres est également préoccupant. L’agressivité des forces de l’ordre à l’égard de la gauche a valu à une femme une côte fêlée — certains policiers portaient sur leurs uniformes des insignes « thin blue line » importés des groupes suprémacistes blancs des États-Unis
Ce n’est pas la seule importation dangereuse que la Grande-Bretagne ait connue récemment. Des élections locales ont eu lieu dans certaines régions d’Angleterre le 5 mai et c’était la première fois qu’une nouvelle loi, qui a fait l’objet d’une mauvaise publicité, obligeait les électeurs à présenter une pièce d’identité avec photo pour pouvoir voter en personne. Dans certaines régions, jusqu’à un quart des électeurs ont été refoulés. La suppression d’électeurs est clairement un outil de la droite aux États-Unis et ailleurs, et elle est maintenant utilisée en Grande-Bretagne.
Il est clair qu’une initiative majeure pour défendre les droits démocratiques est sérieusement nécessaire.
1 – Projet de loi intitulé “Strikes (Minimum Service Levels) Bill” qui prévoit d’imposer un service minimum durant les grèves dans six services publics.