Face à de nouvelles mesures austéritaires et antisociales, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de Grèce. Insuffisant, malheureusement, pour faire reculer le gouvernement.
Aussi révoltant que les nouvelles mesures votées le 15 janvier par la coalition Syriza-ANEL, il y a l’attitude des dirigeants de Syriza : alors qu’ils expliquent que ces mesures correspondent aux desiderata des « instances » (troïka + fonds de stablilité), le gouvernement s’auto-congratule, en indiquant que le résultat aurait pu être pire, et qu’on va ainsi vers la fin des mémorandums en automne. Cynisme ou naïveté ? L’objectif était de faire voter les mesures avant l’évaluation finale par les instances de ce pays sous contrôle et le feu vert pour un versement à la Grèce de 6,7 milliards dont la plus grosse part va servir… à rembourser la dette !
Offensive multiforme
Les principales mesures adoptées sont les suivantes :
– restriction du droit de grève : désormais, les syndicats de base, qui inquiètent visiblement les technocrates du fait de la combativité de certains qui pourrait être contagieuse, devront pour valider une grève avoir un vote positif d’au moins 50 % + 1 vote de leurs membres, au lieu des 30 % actuels ;
– allocation de vie chère aux familles de 1 ou 2 enfants… au détriment des familles de 3 enfants ou plus, qui voient diminuer cette allocation ;
– confiscation des logements en cas d’endettement de plus de 500 euros, avec procédure électronique pour éviter l’information publique, et peines de prison pour ceux qui veulent empêcher les expulsions. L’État prétend ainsi « récupérer » 11 milliards en revendant les logements confisqués ;
– éducation : obligation pour les enseignantEsd’une présence de 30 heures dans les établissements et fusions d’écoles, dans la continuité de ce qui a été fait depuis 7 ans.
Ces mesures interviennent sur fond de crise maintenue, quoi qu’en dise Syriza, qui vante un chiffre de « seulement » 20 % de chômage. En fait, de nombreux chômeurEs ne sont plus comptabilisés et les emplois créés sont le plus souvent à temps partiel et précaires… La vente de la Grèce s’accélère : vente des « activités portuaires » et d’autres services publics (chemin de fer grec), projets de parcs de loisirs et hautes tours (par des investisseurs étrangers) au détriment de l’environnement, licenciements (par exemple dans les médias, y compris à la radio de Syriza) et salaires non versés, etc.
Une mobilisation pas à la hauteur
On le voit : ce contexte et ces mesures justifiaient une riposte de très grande ampleur. Or, les mobilisations, qui n’ont certes pas été ridicules, n’ont pas été à la hauteur. Ce fait renvoie à la situation du mouvement social en cette phase. Principal responsable : la confédération syndicale unique, GSEE, toujours dirigée par le courant PASOK, alors que ses députés accusent Syriza de faire la politique anti-ouvrière de la droite ! Mais la direction de GSEE a surtout peur d’une grosse mobilisation, et elle s’est contentée d’appeler à un rassemblement à 18 heures le soir du 15, pendant qu’ADEDY, sa branche du secteur public, appelait à un arrêt de travail de 3 heures avec manif le midi ! Le courant du KKE (PC grec), PAME, a organisé plusieurs rassemblements et manifs (les plus nombreuses), mais comme toujours de son côté. Les différents syndicats de base et courants de gauche (autour d’Antarsya, LAE-UP…) ont mobilisé dans les jours précédant le vote, mais autour de leurs propres forces, sans vrai élargissement, dénonçant GSEE (avec 200 militantEs sous ses fenêtres), avec l’autoproclamation d’un nouveau syndicalisme en construction et une tonalité triomphaliste un peu éloignée de la mobilisation réelle et de la difficulté à redonner confiance au mouvement de masse. Et parmi les faits têtus, on voit que pour réussir une grève nationale, comme le 14 décembre, l’appel de GSEE reste indispensable. Un espoir ? Un cas de mobilisation contre les confiscations a mis enfin côte à côte différents courants qui le plus souvent agissent à part (PAME, LAE -UP, Antarsya…). Peut être le début prometteur d’une unité à la base ?
À Athènes, A. Sartzekis