Le 25 juin a eu lieu la première grève générale appelée par la CGT contre le gouvernement de Mauricio Macri. Elle a été massivement suivie.
Ce jour-là, les rues, les gares, les aéroports, les banques et les écoles de toutes les villes du pays étaient vides. Cette grève contre la politique économique et sociale du gouvernement Macri a été la plus massive depuis son arrivée au pouvoir en 2015.
Les freins de la bureaucratie syndicale
Les piquets de grève organisés par le syndicalisme antibureaucratique, la gauche trotskiste et le mouvement féministe ont donné un caractère combatif et lutte de classe à cette journée, dont l’objectif était de rejeter l’accord avec le FMI et les mesures économiques imposées par le gouvernement.
La bureaucratie syndicale péroniste, historiquement haïe par le mouvement ouvrier, jouait gros. En appelant à cette journée, elle entendait « détendre » la situation en accédant à une demande que les travailleurEs portaient depuis des mois. Comme Luis Barrionuevo (dirigeant de la CGT depuis 1979) l’a expliqué au ministre du Travail qui lui demandait d’annuler la grève, la bureaucratie avait jusqu’alors réussi à mettre le mouvement ouvrier sous Lexomil mais « la gauche nous mord les talons » (selon le quotidien Clarin du 24 juin).
Selon eux, la grève ne devait être qu’une grève sans lendemain, où tout le monde serait resté sagement à la maison. Héctor Daer (dirigeant du syndicat de l’alimentation depuis 1985 et de la CGT depuis les années 1990), estimait que « les travailleurs doivent exprimer leur conscience syndicale en se disant "je reste à la maison puisque je suis d’accord avec la CGT". » Et d’en profiter pour attaquer, dans la foulée, les piquets de grève, décrits comme « antidémocratiques ».
Les femmes aux avant-postes
Mais alors que la direction bureaucratique entendait présider à une journée de grève sans mobilisation, les travailleurEs ont imposé le contraire. La veille, la presse indiquait les lieux et horaires des rassemblements appelés par les organisations de la gauche trotskiste, le mouvement féministe et les travailleurEs de la santé, des télécommunications, du transport aérien, de l’éducation et du métro, entre autres, afin de bloquer les principaux accès à la ville de Buenos Aires. Et vingt actions du même type étaient organisées dans les principales villes de province.
Les femmes ont été au premier rang des piquets face à la gendarmerie. Dans ceux de Buenos Aires, elles scandaient « Avortement Oui, FMI Non » en agitant leurs foulards verts (couleur du mouvement pour le droit à l’IVG). « Nous sommes des femmes travailleuses et sommes venues exiger : grève générale ! » scandaient d’autres, sur l’air de Bella Ciao. La revendication du droit à l’IVG se combinait aussi à celle en faveur de l’égalité salariale.
En place dès sept heures du matin, les piquets se sont ensuite dirigés en plusieurs cortèges vers le centre de Buenos Aires, où s’est tenu à 11 heures un grand rassemblement, profondément antigouvernemental et combatif. L’exigence générale était celle d’un plan de lutte qui donne une continuité à cette journée de grève de masse.
Virginia de la Siega