Derrière les négociations de paix se cache l’enjeu de l’appropriation et de la sécurisation de l’exploitation minière en RDC.
À Doha, au Qatar, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et la délégation du M23/AFC (Alliance du Fleuve Congo) ont signé la semaine dernière un accord-cadre pour la paix dans l’est du pays, en proie à un conflit provoquant une crise humanitaire de grande ampleur.
La guerre continue…
L’accord-cadre a défini les protocoles nécessaires à la paix. Seuls les deux premiers ont été signés, portant sur la surveillance du cessez-le-feu et l’échange de prisonniers, mais sans aucune traduction concrète sur le terrain.
En effet, au lieu d’un cessez-le-feu, on assiste à une offensive du M23/AFC, qui s’est emparé de la ville de Katoyi. Quant à l’échange de prisonniers, il n’a pas eu lieu.
Les autres protocoles – qu’il s’agisse de l’accès humanitaire ou du retour des réfugiéEs, pourtant les questions les plus urgentes – ont été renvoyés à plus tard, tout comme ceux relatifs à la restauration de l’autorité de l’État, aux réformes de gouvernance et à la démobilisation des groupes armés.
Cette stratégie de paix sur le papier et guerre sur le terrain arrange tout le monde.
Le M23/AFC en tire profit pour conquérir de nouveaux territoires et affermir son autorité sur les populations. Il a instauré un passeport, recrute de nouveaux juges, met en place la collecte des impôts, tandis que le « salongo », désignant à l’origine un travail communautaire, est détourné et ressemble désormais davantage à du travail forcé.
Tshisekedi, président de la RDC, profite de la situation pour renforcer son pouvoir en vue d’un troisième mandat. Il co-opte une partie de l’opposition, tandis que celle qui refuse est confrontée à la répression. Il mène une purge parmi les officiers supérieurs de l’armée pour prévenir toute tentative de coup d’État et s’apprête à investir massivement dans l’armement, notamment dans les drones, afin de reconquérir les territoires perdus.
… et le pillage aussi
En parallèle des négociations de paix de Doha, d’autres discussions, directement parrainées par les États-Unis, se sont tenues entre les gouvernements de la RDC et du Rwanda. Elles ont abouti à un « accord-cadre d’intégration économique régionale » visant à favoriser les entreprises américaines dans le secteur minier, notamment pour l’exploitation du cobalt, du lithium et des minerais rares essentiels à l’industrie des nouvelles technologies. Cet accord prévoit que ces minerais issus de la RDC soient traités soit au Rwanda, soit directement aux États-Unis.
Faute d’accord à Doha, la question sécuritaire reste sans solution. La carte du mercenariat est de nouveau envisagée par Tshisekedi, déjà expérimentée sans succès avec la société française Agemira. Désormais, c’est Erik Prince — ancien militaire, fondateur de Blackwater et proche de Donald Trump — qui aurait sa préférence.
Pour les protagonistes de ce sordide Monopoly où s’entremêlent armes et richesses naturelles, les populations n’ont, une fois de plus, aucun rôle à jouer si ce n’est celui de victimes.
Paul Martial