Hassan Rohani a été invité à Paris par François Hollande ces 27 et 28 janvier. Précédé d’une escale en Italie, ce voyage marque le retour de la Mollahrchie sur la scène diplomatique internationale.
Depuis la signature de l’accord sur le programme nucléaire le 14 juillet dernier, la République islamique d’Iran est redevenue un « interlocuteur » officiel des grandes puissances. La levée progressive des sanctions est engagée ainsi que le dégel des avoirs de l’État iranien.
Le régime de Téhéran est maintenant associé aux discussions sur l’avenir de la Syrie. Le voyage de Rohani s’inscrit donc dans le cadre de la volonté commune des puissances occidentales, de la Russie, et de la dictature iranienne, de maintenir en place le régime sanguinaire de Bachar el-Assad.
Business is business
Le pouvoir français se frotte les mains de la commande annoncée de 114 Airbus. Et à n’en pas douter, d’autres contrats seront signés et négociés à l’occasion de cette visite d’État. En effet, la levée des sanctions internationales relance la compétition entre les grandes puissances pour s’accaparer des parts du marché iranien. Il faut dire qu’avec 79 millions d’habitantEs et des réserves d’hydrocarbures (au 4e rang des réserves mondiale de pétrole, et au premier en ce qui concerne le gaz naturel), la République islamique d’Iran fait miroiter des profits importants pour les multinationales.En ce qui le concerne, Rohani entend renouer les liens politiques, économiques et commerciaux avec l’Europe. Il est pour cette raison accompagné par une importante délégation d’hommes d’affaires et de ministres.
Une fois de plus, les grandes puissances font peu de cas des droits de l’homme. Au cours de l’année 2015, la République islamique d’Iran de Rohani aura par exemple fait exécuter plus de 1114 détenus. Peu importe à François Hollande si les militants ouvriers sont systématiquement licenciés, réprimés, arrêtés, torturés. Peu importe si les aspirations à la démocratie, l’égalité et la justice sociale sont systématiquement étouffés...
Tensions sociales et politiques
La levée des sanctions économiques suite à l’accord sur le programme nucléaire avait soulevé des espoirs d’amélioration du niveau de vie et d’accès à certains produits, comme par exemple les médicaments. Mais le décalage entre les réalités sociales et cet espoir se renforce. à la veille des élections législatives de février, le pouvoir tente d’endiguer le mécontentement populaire afin de limiter les risques d’une vague de contestation importante.En effet, la situation économique et sociale est catastrophique. Elle ne peut que continuer à se détériorer avec l’effondrement des cours du pétrole qui réduit considérablement les recettes du pays. Ainsi, les conditions de vie de la majorité de la population ne cessent de s’aggraver : taux de chômage de 25 %, licenciements massifs, plus de 20 % d’inflation, corruption à tous les niveaux du pouvoir.Rohani compte néanmoins accentuer sa politique de libéralisation et de privatisation afin d’attirer les capitaux étrangers et les multinationales. Cette politique qui s’accompagne d’une casse massive du code du travail, est directement au service des plus riches et des patrons.
Dans ce contexte, les travailleurs, les femmes et la jeunesse sont en première ligne. Le pouvoir multiplie les arrestations de journalistes, de syndicalistes et de militants.Les divisions profondes au sein du sérail du régime apparaissent de plus en plus ouvertement à l’occasion des élections par lesquelles Rohani espère s’emparer de la majorité parlementaire.
Solidarité avec les peuples d’Iran
A l’occasion de la venue de Rohani à Paris, un appel large à la mobilisation a été lancé pour dénoncer les crimes de la République Islamique d’Iran. Y participent des organisations de la gauche radicale iranienne et kurde, des militants des droits humains, ainsi que des organisations françaises, dont le NPA.
Babak Kia
Pour plus d’informations, consulter le site de Solidarité socialiste avec les travailleurs d’Iran (SSTI) : http ://www.iran-echo.com/index…