Pour Benyamin Netanyahou, les mauvaises nouvelles se succèdent. Incapable de trouver une majorité pour former un gouvernement issu des élections législatives anticipées en septembre, le voilà désormais mis en examen par la justice israélienne. Celui qui est au pouvoir depuis mars 2009 refuse toutefois de démissionner, et la crise politique s’approfondit en Israël.
Le 21 novembre, le procureur général d’Israël annonçait l’inculpation et la mise en examen de Benyamin Netanyahou pour « abus de confiance », « corruption » et « fraude », dans le cadre de trois dossiers : le « dossier 1 000 », le « dossier 2 000 » et le « dossier 4 000 ».
Affaires multiplesC’est ce dernier dossier, également appelé « Affaire Bezeq », qui semble le plus dangereux pour le toujours Premier ministre en exercice. Dans cette affaire, Netanyahou est accusé d’avoir usé de ses fonctions pour accorder cadeaux et largesses au patron de la société de télécoms Bezeq, Shaul Elovich, ce dernier lui offrant en retour une couverture médiatique favorable. On parle ici notamment de facilités accordées dans le cadre d’une fusion avec un autre groupe, Yes, alors que Netanyahou était non seulement Premier ministre mais aussi ministre… des Télécommunications. Les deux autres affaires portent sur des cas de fraude et d’abus de confiance. On se souviendra qu’avant l’été, c’est Sara Netanyahou, épouse du Premier ministre, qui avait été condamnée. En cause ? Des « frais de bouche » personnels facturés au contribuable israélien, pour un montant d’environ 340 000 shekels (85 000 euros). Le couple Netanyahou avait en effet pris l’habitude de se faire livrer des repas à domicile, commandés dans les restaurants les plus huppés de Jérusalem, et de les facturer à l’État, ce qui lui est formellement interdit par la loi. Comme le rapportait alors Libération, « pour profiter de quelques sushis, macaronis et autres mezzé raffinés, Sara Netanyahou avait mis au point avec l’aide d’un collaborateur zélé un système alambiqué maquillant ses dépenses ainsi que les fonctions réelles de son personnel de maison. »
Crise politique durableAutant dire que l’étau judiciaire se resserre autour de Benyamin Netanyahou, qui semble toutefois considérer que « la meilleure défense, c’est l’attaque ». Le Premier ministre a ainsi refusé de démissionner, et dénonce au contraire une tentative de « coup d’État […] sur la base de fausses accusations ». Netanyahou s’en est pris aux juges, aux procureurs, aux enquêteurs, aux policiers, dans un discours empreint de paranoïa et aux relents d’extrême droite au cours duquel il a accusé ces « fonctionnaires malhonnêtes » d’être « dirigés par des éléments extérieurs ». Deux jours plus tard, le 24 novembre, Netanyahou allumait un nouveau contre-feu, affirmant que l’Iran préparait des attaques contre Israël en « transformant l’Irak et le Yémen en bases de lancement de missiles et de roquettes contre l’État d’Israël ».Message reçu par Meyer Habib, député UDI à l’Assemblée nationale et porte-parole officieux du Premier ministre israélien en France, qui s’est évertué à défendre son « ami » dans les médias français, comme lors d’une interview sur France 24 : « Benyamin Netanyahou a l’expérience nécessaire. L’Iran est sur le point d’avoir l’arme nucléaire. L’Iran déclare vouloir détruire Israël. Je crois que le pays a besoin d’avoir quelqu’un avec l’expérience, la force, le talent, l’intelligence, et pourquoi pas avec une union nationale. » Plus c’est gros, plus ça passe…Pas sûr que ces énormités suffisent à sauver Netanyahou, lâché par une partie de plus en plus importante de son propre camp, mais qui entend jouer la carte de la victime et du chef de guerre jusqu’au bout, tant il est déterminé à ne pas abandonner le pouvoir. La crise politique va donc se poursuivre en Israël, avec un Benny Gantz, également incapable de former un gouvernement, en embuscade. Une actualité à suivre, mais sans illusion quant à la possibilité que cette crise puisse déboucher sur l’avènement d’un pouvoir moins brutal à l’égard des PalestinienEs. Jullen Salingue