Nouvelle pièce du puzzle stratégique israélien, les « négociations » israélo-palestiniennes ne déboucheront sur aucune reconnaissance effective des droits palestiniens. En démarrant, le 2 septembre, une série de rencontres avec l’Autorité palestinienne, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a obtenu ce qu’il voulait : des « négociations » avec ses conditions préalables, notamment la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Pendant ces pourparlers, sur le terrain rien ne change ou pas grand chose. Le moratoire décidé fin novembre 2009 ne concerne que de nouvelles implantations mais pas les milliers de chantiers engagés auparavant. Les destructions des maisons palestiniennes dans la vallée du Jourdain ou le Néguev se poursuivent. En pleine « négociation », les autorités israéliennes ont délivré 42 autorisations de destruction dans le nord de la vallée du Jourdain. Et le pouvoir israélien ne s’en cache pas. Le ministre des Affaires étrangères d’extrême droite, Avigdor Lieberman, a déclaré cyniquement que ces rencontres étaient un événement « festif ». Il peut en effet se réjouir de cette mise en scène permettant à Israël d’engranger les fruits de la politique du fait accompli tout en avançant sur le projet d’un État juif ethniquement pur, qui entrainerait de facto le transfert des Palestiniens citoyens d’Israël et le déni du droit au retour pour les réfugiés. Du côté de l’Autorité palestinienne (AP), personne n’ose dire que ces rencontres sont sources d’espoir. La duperie a des limites que les renoncements successifs du président de l’Autorité, Mahmoud Abbas, ont atteint. Ce dernier a déclaré qu’il devait poursuivre les négociations, même si les chances de réussite étaient de 1 %. Cet entêtement n’est pas de la naïveté, mais le résultat de sa politique. Son pouvoir est conditionné à la manne internationale finançant les 160 000 salaires de l’AP. Mais c’est surtout la stratégie de soumission aux impératifs sécuritaires des États-Unis et d’Israël qui conduisent l’AP dans l’impasse de ces négociations avec renoncements. En réprimant toutes les formes de résistances et l’opposition aux négociations, Abbas travaille à réduire le champ des possibles stratégiques au seul jeu de pseudo-négociations sans rapport de forces préalable. Les États-Unis, l’Égypte et la Jordanie, autres acteurs de cette mauvaise comédie, ne sont pas plus crédibles. Obama cherche à gagner du temps et à redorer son blason sur la scène internationale à défaut de répondre à la crise économique de son pays. Les gouvernements égyptien et jordanien veulent donner l’illusion de leur capacité à travailler pour les droits des Palestiniens. Les élections auxquelles ces trois pouvoirs seront confrontés dans les semaines expliquent leurs comportements faussement candides. Mais un autre objectif mobilise les États-Unis et leurs alliés. Le concert de louanges sur les pourparlers actuels permet d’engager une période de gestion du cas palestinien, sans rien céder sur leurs droits, afin de libérer l’horizon du côté de l’Iran. Cette mascarade est au final une victoire pour Israël. Elle lui permet de poursuivre son expansion coloniale ainsi que son travail de sape préparant l’instauration d’un État ethniquement pur. Elle permet également l’amélioration de l’image d’un État que son acte de piraterie contre la flottille pour la liberté et la campagne internationale BDS ont sensiblement écornée. Elle prépare enfin le terrain au programme prioritaire de Tel-Aviv : s’attaquer à l’Iran et ses alliés. Julien Rivoire