La semaine dernière, la Cour international de Justice (CIJ) auditionnait plusieurs pays sur le cas du génocide à Gaza. Le 19 décembre dernier, à l’initiative de la Norvège, l’Assemblée générale de l’ONU a saisi la CIJ pour un avis sur les obligations d’Israël envers l’ONU, notamment l’UNRWA, dans le territoire palestinien occupé.
La CIJ a donc accepté d’écouter une fois de plus les arguments sur sa juridiction à propos du blocus alimentaire à Gaza par Israël depuis le 7 octobre 2023, renforcé depuis le 2 mars 2025. À propos également de la loi israélienne d’interdire l’UNRWA, la mission de l’ONU qui vient en aide aux réfugiéEs palestinienNEs dans les pays limitrophes et dans les territoires occupés, dont Gaza. Cet organisme est indispensable pour la survie de millions de personnes. Les auditions ont vu se succéder 39 pays, dont 3 en défense directe d’Israël. Sans surprise, il s’agit des États-Unis, de l’Allemagne et de la Hongrie, ainsi que 4 organisations non gouvernementales.
Des auditions et un droit international pour la galerie ?
Ces auditions ont donc martelé ce qui est de plus en plus évident pour toute la planète : Israël commet des violations graves et répétées du droit international en bloquant l’accès à l’eau, l’électricité et l’aide alimentaire et en interdisant, en menaçant et en assassinant régulièrement les personnels chargés de dispenser ces aides. De nombreux pays ont ainsi défendu le droit international, laissant souvent l’impression d’assister au bal des hypocrites. La France et l’Angleterre sont intervenues pour ne pas condamner Israël mais pour redonner l’accès à l’aide humanitaire ! De manière assez ironique, la Russie est également venue défendre le droit international…
Que retenir de ces auditions ? Hormis ce que l’on sait déjà : Israël est coupable de crimes de guerre, de génocide, d’apartheid et de nettoyage ethnique ; les pays du Nord, malgré quelques larmes de crocodile, ont abandonné le droit international au profit d’un soutien à Israël ; le leadership de la défense du droit international incombe maintenant aux pays du Sud. Sans illusion, par ailleurs, dans le droit international, même si celui-ci sert de point d’appui pour la légitimité de l’action contre Israël.
La situation est catastrophique sur le plan humanitaire, et l’on n’en voit pas le bout. Il s’agit de la plus longue période sans aucune aide du tout. L’évolution à venir est encore plus inquiétante. Le cabinet de guerre israélien a approuvé dimanche 4 mai à l’unanimité l’extension de la guerre génocidaire contre Gaza, extension qui inclurait notamment des plans d’occupation de l’enclave indéfiniment. L’autorisation du cabinet fait suite à la déclaration de Benyamin Netanyahou, pour qui l’objectif premier de la guerre était de « vaincre le Hamas ». La libération des prisonnierEs israélienNEs reste en fait un but secondaire.
Des plans qui font froid dans le dos
Il y a trois semaines, plusieurs médias israéliens ont révélé des plans visant à diviser la bande de Gaza en cinq zones qui seront des zones militaires permanentes. Ces plans n’ont pour l’instant pas été approuvés par le cabinet. Mais il est clair qu’une extension des opérations conduit à reproduire la stratégie d’Israël à Rafah pour l’ensemble de la bande de Gaza.
À Rafah, les forces israéliennes ont réduit la ville à des ruines, forçant touTEs les PalestinienNEs à la quitter. Avec ce précédent à l’esprit, un nouveau plan ne peut être compris que comme la prochaine étape des plans d’Israël visant à nettoyer ethniquement tous les PalestinienNEs de Gaza. Des plans qui consistent à éliminer toutes les infrastructures civiles, afin de rendre le territoire incapable de soutenir une quelconque vie, de rendre la vie impossible aux PalestinienNEs et de présenter leur transfert hors de Gaza comme « volontaire ». D’ailleurs, l’armée israélienne a également annoncé qu’elle intégrerait Rafah dans sa nouvelle zone tampon militarisée élargie.
Ces annonces ont eu lieu dans le silence des « démocraties occidentales ». Un silence qui montre que ce génocide n’a pas lieu du seul fait d’Israël.
Édouard Soulier