Publié le Dimanche 3 mai 2015 à 11h13.

Istanbul : 1er Mai sous les gaz

Plus de vingt mille policiers furent mobilisés dans tout Istanbul pour empêcher syndicats, partis et organisations de gauche d’accéder à la place de Taksim qui est interdite aux rassemblements du 1er mai depuis trois ans. C’est pourtant bien l’AKP, parti au pouvoir, qui avait décrété officiellement le 1er Mai comme fête du travail en 2009 et levé l’interdiction de le célébrer à Taksim où 34 personnes avait trouvé la mort en 1977 suite à une provocation de l’Etat. Mais elle fut re-intérdite en 2013 (en raison de travaux en court !), ce qui fut un des éléments de l’indignation populaire qui aboutit à la “révolte de Gezi” juste un mois plus tard.Cette année aussi toutes les mesures imaginables ont été prises pour empêcher les célébrations sur la place de Taksim: arrêt total des transports en commun (bateaux, métro, tramway), blocage de tout accès en voiture, barrières et contrôles de police dans tous les quartiers périphérique de Taksim, véhicules anti-émeutes, hélicoptères, bombes à gaz lacrymogène et balles en plastique... Bref, des mesures d’exception de moins en moins exceptionnelles.

Malgré toutes ces “précautions” près de deux mille manifestants ont réussi à rejoindre Beşiktaş (scandant “Erdogan voleur, assassin”), à quelques kilomètres de Taksim, où les principales confédérations syndicales de gauche DISK et KESK avaient appelé au rassemblement pour tenter ensuite de marcher vers Taksim. Juste à la fin des négociations, où la police proposa qu’un groupe de 300 personnes défilent jusqu’à Taksim (ce que les syndicats refusèrent évidemment). La police chargea violemment avec canons à eau et jets de bombes à gaz sans aucun avertissement.

Cependant de violents conflits entre policiers et manifestants avaient lieu dans d’autres quartiers non loin de Takim. D’autre part une trentaine de membres du Parti Communiste, s’étant cachés dans un immeuble sur la place de Taksim ont subitement surgit de leur repaire et brisé ainsi symboliquement l’interdiction avant la brutale réaction de la police.

Au total plus de 250 personnes prises en garde à vue et des dizaines de blessés.

Au moment de la répression à Beşiktaş, Le Président de la république Erdogan expliquait que toutes ces mesures étaient nécessaires car les démonstrations à Taksim bloqueraient la circulation et paralyserait toute la ville...