La Turquie du président RT Erdogan mène une guerre discrète mais acharnée contre les Kurdes du PKK aussi bien en Turquie que dans la région autonome du Kurdistan d’Irak, au nord-est de la Syrie et même par des assassinats commandités en Europe.
Le 6 janvier à Paris les Kurdes manifestaient pour que soit enfin connue la vérité sur l’exécution de trois militantes kurdes, Rojbin, Sakine et Leyla en plein Paris il y a 11 ans. Entretemps, en décembre 2022, devant le siège du CDKF à Paris, trois miltantEs, dont la responsable du mouvement des femmes kurdes en Europe sont assassinéEs par un prétendu déséquilibré.
Attaques turques
C’est au nord de l’Irak et au nord-est de la Syrie que se concentrent les attaques turques. La région proche des monts Qandil est pilonnée par l’aviation turque et des combats au sol font des dizaines de morts chez les combattantEs kurdes mais aussi dans les rangs de l’armée turque, dont une douzaine de soldatEs ont été tuéEs vendredi 12 janvier. Si ces morts ont suscité un mécontentement dans l’opinion turque, pas un mot du côté de l’Europe et des occidentaux en général. La Turquie envahit un pays voisin, bombarde et brûle des villages en tuant des Irakiens, aucune réaction ni protestation.
Au nord-est de la Syrie, l’armée turque est plus prudente parce que des centaines de militaires étatsuniens y sont encore basés. Elle utilise donc des drones pour des assassinats ciblés ou bombarde les infrastructures comme les centrales électriques ou les installations d’approvisionnement en eau, rendant très difficile la vie quotidienne des habitants de la région gouvernée par l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES).
Évidemment, l’option du « tapis de bombes » utilisée lors de l’invasion de la province kurde d’Afrin au nord-ouest de la Syrie en janvier 2018 n’est pas envisageable : la mort d’un seul soldat américain dans des frappes turques serait une catastrophe pour le régime de RT Erdogan.
D’autant que les relations avec les USA se sont sérieusement détériorées depuis l’invasion israélienne de Gaza.
Solidarité d’Erdogan avec Gaza
Depuis l’attaque contre Israël du 7 octobre menée par la résistance palestinienne depuis la bande de Gaza, RT Erdogan a multiplié les déclarations de solidarité avec le Hamas et largement mobilisé les troupes de son parti, l’AKP, dans de puissantes mobilisations en solidarité avec Gaza et la cause palestinienne. De plus, les services secrets turcs, le MIT, ont lancé une grande opération le 2 janvier qui s’est soldée par l’arrestation d’une trentaine de personnes accusées de travailler pour le compte du Mossad, dont une quinzaine est toujours emprisonnée, les autres ayant été déportées.
« Ce n’est que la première étape ! Vous allez voir ce que la Turquie peut faire ! », s’est vanté RT Erdogan dans un discours. Gageons que cela ne va pas améliorer les relations de la Turquie avec Joe Biden et le gouvernement étatsunien.
Le président choisit donc de mener une guerre quasi totale contre les Kurdes et leurs organisations, en Turquie même où des milliers de militantEs du parti HDP (maintenant HEDEP) sont emprisonnées, au nord de l’Irak et en Syrie pour tenter de regagner en popularité en vue des élections municipales de mars 2024, et affiche un soutien sans faille au Hamas pour cajoler son électorat sunnite.