À quelques voix près, dans les deux chambres, les républicains ont adopté le « Big Beautiful Bill » (grand et beau projet de loi) de 940 pages du président Donald Trump, un programme de 3 400 milliards de dollars qui réduit les impôts des riches et sabre dans les programmes sociaux destinés à la classe ouvrière et aux pauvres, tout en augmentant la dette nationale de 3 000 milliards de dollars ou plus.
Lorsqu’il l’a signé, Trump l’a qualifié de « projet de loi le plus populaire jamais signé ». Pourtant, selon un sondage fiable, la moitié du pays s’y oppose, et seul un tiers le soutient. Plusieurs organisations progressistes – 50501, Indivisible et Women’s March – ont organisé plus de 300 rassemblements « Free America » (Libérez l’Amérique) auxquels ont participé des milliers de personnes qui ont lancé l’appel suivant : « Libérez l’Amérique de l’emprise des milliardaires cupides qui manipulent le système à leur avantage. »
Le projet de loi réorganise les priorités américaines et réduit les programmes sociaux afin d’accorder d’énormes réductions d’impôts aux riches. Trump a fait pression sur les républicains, menaçant de s’opposer à leur réélection s’ils s’opposaient à lui. Certains d’entre eux souhaitaient des coupes encore plus importantes dans les programmes sociaux afin de réduire la dette nationale de 36 200 milliards de dollars, tandis que d’autres s’opposaient aux coupes dans le programme Medicaid qui auraient nui à leurs électeurs et à leurs propres chances de réélection. Au final, seuls quelques républicains ont eu le courage de s’opposer à lui, et le projet de loi a été adopté à quatre voix près à la Chambre des représentants et à une voix près au Sénat, grâce au vote décisif du vice-président J.D. Vance.
Un projet de loi contre les pauvres
Les mesures les plus importantes du projet de loi sont les suivantes. Réduction de la couverture santé Medicaid pour les AméricainEs à faibles revenus et les personnes âgées au cours des dix prochaines années, pour un montant total de 1 000 milliards de dollars, ce qui signifie que 11,8 millions d’adultes et d’enfants ne seront plus couverts. Le programme d’aide alimentaire supplémentaire (SNAP) sera réduit de 287 milliards de dollars de dépenses fédérales sur dix ans, ce qui affectera des millions de personnes. Le projet de loi supprime également les programmes et les fonds destinés à lutter contre le changement climatique et à promouvoir la justice environnementale. Le coût de ces coupes budgétaires est immédiatement apparu. Trump et les républicains ont réduit le personnel du Service météorologique national et sabré le budget consacré au climat, alors même que des pluies torrentielles et des inondations ont causé la mort par noyade de 15 enfants et emporté 25 autres filles dans un camp d’été au Texas, qui ont probablement péri noyées.
Ces coupes ont permis de prolonger les réductions d’impôts de Trump de 2017 et d’en ajouter de nouvelles, réduisant principalement les impôts des riches de 4 500 milliards de dollars.
Dans le même temps, il alloue 150 milliards de dollars à l’armée, à la construction navale, au système de défense antimissile « Golden Dome » et à l’armement. Le budget militaire atteindra pour la première fois près de 1 000 milliards de dollars. Et le budget alloue 45 milliards de dollars à la construction par des entreprises privées de centres de détention pour immigrantEs, en fait des prisons, avec 100 000 lits. Il y a également 46,5 milliards de dollars pour construire le mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique et 6 milliards de dollars pour la technologie et la surveillance.
Un projet de loi à haut risque
Trump a profité du 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, alors que des bombardiers B-2 survolaient l’événement, pour célébrer le bombardement américain de l’Iran et féliciter les dirigeants républicains d’avoir adopté son « Big Beautiful Bill », affirmant à tort que les gens ne remarqueraient même pas les coupes budgétaires, car celles-ci ne visaient qu’à éliminer « la fraude et les abus ». Trump a conclu en déclarant : « Nous aurons l’économie la plus forte et les frontières les plus solides au monde. »
Les démocrates estiment que ce projet de loi va irriter les électeurs et leur permettre de reprendre la Chambre des représentants lors des élections de novembre 2026. Mais le Parti démocrate pourrait ne pas être en mesure de tirer parti de cette opportunité, car il reste divisé entre les dirigeants du parti, qui n’ont pas réussi à convaincre le public américain, et les socialistes démocrates comme le sénateur Bernie Sanders, la députée Alexandria Ocasio-Cortez, qui a attiré des dizaines de milliers de personnes à ses rassemblements anti-oligarchie, et Zohran Mamdani, qui vient de remporter les primaires du Parti démocrate de New York pour la mairie. La résistance s’amplifie, mais elle doit se renforcer pour avoir un impact sur les élections.
Dan La Botz, traduction par la rédaction