En visite dans les territoires palestiniens et en Israël, le Pape François a multiplié les déclarations en faveur de « la paix » et a même, au terme d’une messe célébrée à Bethléem, invité Mahmoud Abbas et Shimon Pérès à se rendre au Vatican pour une « rencontre de prière ». Une initiative que d’aucuns ont interprété comme une tentative de réanimation du « processus de paix » mais qui demeure, en réalité, symbolique.
Shimon Pérès est président de l’État d’Israël, une fonction essentiellement honorifique, et ne bénéficie d’aucun mandat et d’aucun pouvoir pour négocier avec les Palestiniens. Le gouvernement israélien, dominé par la droite et l’extrême droite, seul en charge des négociations, s’est retiré des discussions fin avril et n’a aucunement l’intention de revenir sur sa décision.
Une invitation symbolique donc, à l’instar des paroles et des actes du Pape lors de son séjour au Proche-Orient. Si la halte impromptue devant le mur d’annexion a été saluée par les Palestiniens et est considérée par certains dirigeants israéliens comme une défaite dans la guerre des images, il convient de ne pas surinterpréter ce geste. Il s’agit en effet d’aller au-delà des images et des symboles, et de considérer la visite de François dans sa globalité. Car le Pape s’est également rendu sur la tombe de Theodor Herzl, père fondateur du sionisme, et sur le mémorial des victimes israéliennes d’attentats, deux arrêts destinés à rétablir « l’équilibre » entre Israël et les Palestiniens. Une approche « équilibrée » que l’on retrouve dans les déclarations du Pape, qui en a appelé à « une paix stable, basée sur la justice, sur la reconnaissance des droits de chacun et sur la sécurité réciproque », enjoignant les « deux parties » à « marcher résolument vers [la paix], même en renonçant chacun à quelque chose ».
Rien de bien nouveau en somme, même si l’on se doit de relever que, contrairement aux chefs d’État occidentaux (tel Hollande lors de sa récente visite), le Pape s’est rendu d’abord en Cisjordanie et a attiré l’attention sur le mur. Mais on est encore loin de la « courageuse prise de position » que certains fantasment : c’est en condamnant et en sanctionnant Israël que l’on œuvrera pour la justice, et non en prétendant relancer un « processus de paix » depuis longtemps mort et enterré.
Julien Salingue