Publié le Mardi 20 janvier 2009 à 09h02.

L’équation Obama

A quelques jours de l’investiture de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, la question se pose de savoir ce que fera l’Administration américaine à l’égard de la question palestinienne.

 

Le prochain locataire de la Maison-Blanche est crédité, en effet, de la volonté de prendre ce dossier à bras-le-corps pour faire une priorité de son action en politique internationale.

Mais avant même que Barack Obama ait entrepris quoi que ce soit, la voix de sa secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères se veut discordante. Hillary Clinton prend déjà date en excluant tout contact avec Hamas que les Etats-Unis rangent au nombre des organisations terroristes. Devant un tel a priori, quelle pourra être la marge de manœuvre de Barack Obama ? Ce que dit Hillary Clinton est un air connu qui témoigne, si besoin en était, que la position américaine est inchangée dès qu’il s’agit d’Israël. Il est utile cependant de comprendre pourquoi Hillary Clinton prend ainsi les devants et insulte pour le moins l’avenir.

Car s’il n’y a pas de discussions possibles avec Hamas, avec qui les Etats-Unis pourront-ils prendre langue étant donné qu’ils ont laissé la situation basculer dans l’impasse au moment où l’Autorité palestinienne était dans les meilleures intentions pour négocier avec Israël ? La réalité est que non seulement Hamas, mais aussi les Palestiniens réputés modérés, ne trouvent grâce aux yeux des Etats-Unis, de l’Europe et d’Israël.

Autrement, pourquoi le processus de paix n’a-t-il pas abouti depuis les accords d’Oslo ? Dès 1993, la position américaine était nettement marquée au coin de la duplicité puisqu’elle a consisté à brouiller les cartes en affirmant une chose et son contraire. Où est l’Etat palestinien à l’émergence duquel les présidents Bill Clinton et George Bush ont prétendu travailler ? Ils n’en pensaient pas un mot, car leur projet était de gagner du temps pour voir si l’évolution des choses serait défavorable à Israël. Il est compréhensible que le processus de paix prenne du temps, mais qui peut croire qu’au bout de 15 ans de négociations rien de significatif n’a été obtenu par les Palestiniens ?

Les propos définitifs de Hillary Clinton apportent la preuve que la politique américaine ne va pas changer du jour au lendemain : Condoleeza Rice ne disait rien d’autre.

Avant même sa prise de fonctions, le moins qu’il pouvait faire, en tant que citoyen de ce ce monde, était de demander l’arrêt du massacre des enfants de Ghaza. Il ne l’a pas fait, préférant se cantonner dans un raisonnement qui consiste à faire valoir qu’avant l’heure ce n’est pas l’heure. Lorsque Barack Obama prendra enfin la parole, il sera en déficit d’un message fort à une opinion internationale désormais persuadée que dans le conflit palestinien, les Etats-Unis sont juge et partie. Il est donc peu probable que Barack Obama aille à l’encontre de la déclaration liminaire de Hillary Clinton qui définit le champ d’action de la diplomatie américaine pour qui l’avenir de la Palestine se réduit uniquement au refus, connu, de discuter avec Hamas.

Qui se soucie de l’avis des Palestiniens dans cette affaire ? La future secrétaire d’Etat aurait voulu couper l’herbe sous le pied de Barack Obama qu’elle ne s’y serait pas prise autrement.

Par Amin Lotfi. Publié par el Watan le 19 janvier : http://www.elwatan.com/L-equation-Obama