Publié le Samedi 27 décembre 2014 à 11h47.

Lettre ouverte au président d'Equateur - 450 intellectuels et militants du monde entier

Une lettre ouverte (ci-dessous) au Président de l'Équateur, Rafael Correa, a été rendue publique ce lundi 22 décembre. Elle est signée par plus de 450 intellectuels et militants du monde entier qui affirment être « surpris » par la révocation unilatérale de l'autorisation dont dispose la Confédération des nationalités indigènes d'Equateur, la CONAIE, pour pour l'édifice où se trouve son siège historique. Cette décision est injustifiée. Les signataires considèrent que cette décision constitue un « un manque de respect envers la mémoire et l’histoire d’une organisation à laquelle l'Équateur doit toute une série de luttes démocratiques et de transformations sociales extraordinairement profondes et positives ». La lettre ouverte affirme que reprendre le siège à la CONAIE est un acte de « sectarisme » qui « couronne une série d'épisodes d'intolérance envers les critiques adressées au gouvernement par une gamme très variée de mouvements sociaux ».La lettre est signée par des intellectuels comme Eduardo Galeano, Elmar Altvater, Eric Toussaint, François Houtart, Aníbal Quijano, Alejandro Bendaña, Maristella Svampa, Arturo Escobar, Silvia Rivera Cusicanqui, Edgardo Lander, Liisa Nord, Nnimmo Basey,  Oscar Ugarteche, Michael Lowy, Gus Massiah, entre autres, conclut que revenir sur cette décision « un acte courageux d’intelligence politique » et la reconnaissance de la participation exceptionnelle de la CONAIE à la longue histoire des luttes démocratiques.  ---

LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE L'ÉQUATEUR, RAFAEL CORREA DELGADO

22 décembre 2014

Monsieur le Président,

Les signataires de cette lettre ont appris avec étonnement que le gouvernement équatorien avait décidé de révoquer unilatéralement le contrat de prêt à usage établi en 1991 et concernant l’utilisation de l’immeuble de la Confédération des Nationalités indigènes d'Equateur, la CONAIE. Il nous semble évident que la raison invoquée (l'utilisation de ces locaux pour y installer un centre de réhabilitation de jeunes toxicomanes) n’est pas convaincante : un État comme l’Équateur dispose de nombre de locaux en meilleurs conditions et mieux adaptés à cette fin. Cette mesure est injustifiée.

Plus qu’un simple acte de représailles, il s’agit d’un manque de respect envers la mémoire et l’histoire d’une organisation à laquelle l'Équateur doit toute une série de luttes démocratiques et de transformations sociales extraordinairement profondes et positives. Loin d’être une décision administrative sans arrière-pensée politique, cela nous semble être une manifestation de sectarisme extrêmement préoccupante. Et loin d’être un acte isolé, ce dernier incident couronne une série d'épisodes d'intolérance envers les critiques adressées au gouvernement par une gamme très variée de mouvements sociaux.

Il nous semble que le gouvernement équatorien peut se passer de tels faux pas et perd son autorité morale à travers cette logique de démonstration de force et d’intimidation. Il n’est pas trop tard pour rectifier. Ce serait un acte courageux d’intelligence politique et de générosité de votre part que de donner un signal éminent de reconnaissance de la geste émancipatrice de la plus importante organisation des peuples et des nationalités indigènes de l'Équateur. Les peuples des Amériques et les forces progressistes du monde entier n’ont pas oublié pas cette glorieuse histoire. Vous ne devriez pas non plus l’ignorer.

Sincères salutations,

Liste des signataires disponible ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/241214/lettre-ouverte-rafael-correa-president-de-lequateur-en-solidarite-avec-la-conaie