Un an après la chute du président malien Amadou Toumani Touré, la situation reste difficile au Mali. Dans la région nord du pays, le pouvoir de nuisance des djihadistes reste important. Si une partie s’est retranchée dans le massif montagneux des Ifoghas et défend pied à pied ses bastions, d’autres se sont éparpillés dans le nord du pays, et mènent une lutte de harcèlement et d’attentats qui oblige la France et les forces militaires africaines de la MISMA à maintenir des troupes dans les villes importantes de la région. Le dernier attentat doublé d’une tentative d’intrusion d’une dizaine de combattants qui a eu lieu à Tombouctou, témoigne de leur possibilité de déplacement et de leur capacité à garder une partie de leur arsenal. Cette stratégie ne fait qu’augmenter la tension qui existe entre les différentes communautés et les exactions de l’armée malienne sur les civils touaregs ou arabes, et empêche les réfugiés et les déplacés internes de rejoindre leur villes et villages. La situation humanitaire reste extrêmement préoccupante avec une menace de crise alimentaire liée à l’impossibilité pour beaucoup de paysans de semer, et une grande partie des éleveurs ont vendu leur troupeau pour fuir. De plus l’approvisionnement provenant du sud du pays ou de l’Algérie reste problématique et provoque une flambée des prix des produits de première nécessité, d’autant que l'Appel global pour le Mali (Consolidated Appeal Process, CAP) lancé par les Nations unies et de nombreuses ONG n’est actuellement financé qu’à 17 %.Visiblement il est plus facile de trouver de l’argent pour la guerre que pour aider à satisfaire les besoins sociaux des populations. Les maliens doivent décider eux-mêmesLa France dans ce cadre essaie de préparer sa sortie qui s’ordonne autour de deux axes. Au niveau militaire, Paris travaille à l’envoi des troupes sous couvert de l’Onu, ce qui permettrait d’élargir le nombre de pays partie prenante de cette opération et transférerait les coûts militaires sur les Nations unies. Une telle option pérenniserait une présence militaire dans le nord du pays. Ce projet impliquerait cependant le maintien d’une partie des troupes d’élite françaises. Au niveau politique, le Quai d’Orsay a lourdement insisté pour que des élections générales puissent rapidement se tenir. Cette précipitation n’a pas pour but d’octroyer la possibilité aux Maliens de décider du sort de leur pays, mais d’offrir au plus vite une légitimité à un gouvernement intérimaire qui en manque cruellement. Ces élections devraient se tenir en juillet, malgré la désorganisation du pays surtout dans la région du nord où les fonctionnaires n’ont pas tous rejoint leur poste. La question des listes électorales n’est pas réglée, ni celle des réfugiéEs et des déplacéEs. Dans un pays où la classe dirigeante a une longue tradition de fraudes électorales, les résultats ne feront qu’entériner la présence au pouvoir des anciens du gouvernement, les mêmes qui précisément ont plongé le Mali dans la faillite. Au contraire, les défis rencontrés par le Mali, sur les questions de refondation politique, le contrôle des dirigeants, les réponses aux besoins sociaux, l’organisation de la société avec les différentes communautés, nécessiteraient un large débat national qui puisse déboucher sur des propositions et des réformes largement partagées et mises en œuvre par les Maliens eux-mêmes. Paul Martial