Depuis le 31 janvier, se sont ouverts les procès des prisonnierEs politiques incarcérés au printemps dernier dans le cadre de la préparation des élections générales (présidentielle et législatives) du 7 novembre 2021.
En deux vagues successives, touTEs les dirigeantEs politiques et possibles candidatEs d’opposition jugés trop dangereux pour le caudillo Ortega avaient été mis hors d’état de nuire au régime. DétenuEs depuis mai 2021 dans des conditions inhumaines, au secret, ces opposantEs sont aujourd’hui présentés à des juges aux ordres, disposés à entériner les lourdes peines (jusqu’à 15 ans de prison) requises par le ministère public. Les conditions de leur arrestation, comme celles de leur détention et maintenant de leur jugement, sont autant de défis à la justice. Les procès sont menés en violation des droits constitutionnels, des règles de procédure et du droit à un procès équitable et à une défense.
« Nous exigeons l’arrêt de cette farce judiciaire »
Plusieurs détenuEs ont d’ores et déjà été condamnés, en application de la loi 1055 de « Défense des droits du peuple à l’indépendance, à la souveraineté et à l’autodétermination pour la paix », adoptée fin 2020, et dont le seul intitulé permet de comprendre qu’elle autorise des poursuites, et justifie par avance de lourdes condamnations, de quiconque oserait critiquer ouvertement le régime.
Dora María Téllez vient d’être condamnée à 15 ans de prison. Ancienne commandante guérillera et ex-ministre de la Santé pendant la révolution sandiniste, elle avait, entre autres choses, participé en 1978 à la prise du Palais national, une action qui en plus de permettre la libération d’une soixantaine de prisonniers politiques avait donné une visibilité internationale à la lutte contre la dictature dynastique de la famille Somoza. De lourdes peines ont également été prononcées contre neuf autres détenuEs : le leader étudiant Lesther Alemán, les activistes sociaux Muhamar Vado et Yader Parajón, Donald Alvarenga, Douglas Cerros, Alexis Peralta, la militante des droits humains Ana Margarita Vijil, l’ex-députée Maria Fernanda Flores et Miguel Mora, journaliste et directeur de la chaîne de télévision 100 % Noticias. Ce dernier avait déjà été incarcéré en décembre 2018, lorsque la police avait pris d’assaut les locaux de 100 % Noticias et, en mars 2019, il avait bénéficié, avec plusieurs centaines de prisonnierEs politiques, d’une « amnistie » fruit d’accords signés avec le gouvernement en présence des représentants du Vatican et de l’OEA.
Nous exigeons l’arrêt de cette farce judiciaire, la libération immédiate et sans conditions de touTEs les prisonnierEs politiques et l’abrogation des lois iniques au nom desquelles sont engagées les poursuites et prononcées les condamnations.
Nous exprimons notre solidarité, et notre sympathie, aux familles et aux amiEs des prisonnierEs, et à tous les NicaraguayenEs qui, dans des conditions chaque jour plus difficiles, poursuivent leur combat contre la dictature.
Nous appelons toutes les forces représentatives de la société française, partis, syndicats et ONG à protester auprès du gouvernement nicaraguayen et à dénoncer cette parodie de justice.