Donald Trump a confirmé ses intentions bellicistes en annonçant, le 8 mai, le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions économiques. Ce faisant, il jette encore un peu plus d’huile sur le feu dans une région déjà largement embrasée.
Lors de son discours du 8 mai, Donald Trump, à son habitude, n’y est pas allé par quatre chemins : « Il me semble clair que nous ne pouvons empêcher la bombe nucléaire iranienne au moyen de l’accord pourri qui a été signé. » À l’appui de cette affirmation, Trump a cru bon de se référer aux « preuves » exposées par le Premier ministre israélien Netanyahou une semaine plus tôt lors d’une conférence de presse consacrée à l’Iran. Des « preuves » qui, en réalité, ne prouvent rien, sinon que la propagande israélienne, même à grands renforts de nouvelles technologies, est toujours aussi vulgaire.
Rien de nouveau sous le soleil
Plusieurs commentateurs n’ont pas manqué de relever que l’allocution de Netanyahou ressemblait à s’y méprendre à un show de Steve Jobs présentant les innovations du dernier iPhone. Mais le décorum ne suffit pas. Et, tout à sa fierté de révéler que des agents du Mossad avaient réussi à mettre la main sur 55 000 pages d’archives iraniennes concernant le nucléaire, le Premier ministre a feint d’ignorer qu’aucun de ces documents ne traitait de la période postérieure à la signature de l’accord sur le nucléaire en 2015.
Ainsi que l’a souligné le journaliste Thomas Cantaloube, sur Mediapart, « la plupart des documents présentés par le Premier ministre se réfèrent à des projets qui se sont arrêtés en 2003 ou à des notes d’intention au cours des années 2000. Les experts des questions nucléaires qui ont commenté la prestation de Netanyahou n’ont guère été impressionnés : il s’agit de documents déjà connus, au moins dans leur substance. » Bref, si Netanyahou proclame haut et fort que « l’Iran a menti », il a surtout démontré, par l’absurde, que rien ne permettait de l’affirmer.
Au risque du pire
Une opération de communication dont Israël est coutumier, et que Trump a donc décidé de reprendre à son compte. Les duettistes, à défaut d’être crédibles, n’en sont pas pour autant moins dangereux. Car leur hostilité à l’égard de l’Iran n’est pas seulement verbale : en témoignent les bombardements israéliens, le 10 mai en Syrie, contre des positions iraniennes, qui auraient tué au moins 27 personnes, dont 11 Iraniens. Le tout dans un contexte régional où l’Iran et l’Arabie saoudite se livrent à une lutte d’influence aux conséquences tragiques, entre autres au Yémen.
Nous n’avons évidemment aucune sympathie pour le régime iranien, autoritaire et réactionnaire, et ne le considérons en aucun cas comme un allié pour les peuples de la région. Mais rien ne peut justifier le jeu particulièrement dangereux auquel se livrent Trump et Netanyahou, qui semblent considérer l’un et l’autre que le Moyen-Orient n’est pas assez à feu et à sang. Et les récentes gesticulations de Macron lors de sa visite aux États-Unis, doublée d’une complicité surjouée avec Trump, n’en paraissent que plus pathétiques, et révoltantes.
Julien Salingue