Publié le Dimanche 13 mai 2012 à 22h48.

Pakistan. Menace de mort sur des membres du LPP emprisonnés

Des informations particulièrement alarmantes nous parviennent sur le sort de cinq détenus politiques au Pakistan.Le 28 avril dernier, cinq détenus ont été violemment battus, torturés, dans une prison de Gilgit, au nord du Pakistan. Tout d’abord mis au secret (même leurs avocats n’ont pu les voir), ils ont été laissés sans soins au moins huit jours, malgré une injonction de la cour exigeant qu’ils soient examinés par un docteur. Ils ont été transférés de force dans une prison (Zulfiqarabad ) réservée aux criminels endurcis. On peut craindre que l’objectif de ce transfert soit de les faire assassiner par des droits communs – de façon à ce que la responsabilité des autorités ne soit pas trop visiblement engagée.

Baba Jan, Iftikhar Hussain et Amir Ali ont été sévèrement atteints. Baba Jan a deux doigts fracturés, le visage et d’autres parties du corps blessés. Deux autres militants, Ameer Khan and Rashid Minhas, seraient moins touchés. Tous sont membres du Parti du travail (Labour Party Pakistan, LPP) et du Front de la jeunesse progressiste (Progressive Youth Front, PYF).

La Commission des droits humains du Pakistan (HRCP) a lancé, le 7 mai, un « appel urgent » en faveur des cinq détenus de Gilgit. Le 4 mai, dans un communiqué, elle jugeait la situation « excessivement préoccupantes ». Elle « proteste avec vigueur contre les mauvais traitements infligés à ces militants » et « exige que leurs droits fondamentaux et à des procédures judiciaires régulières ne leur soient pas déniés ». « Ceux qui sont accusés de les avoir torturés doivent être suspendus en attendant une enquête et ceux qui seraient coupables devront être condamnés selon la loi ».

Comme le rappelle la HRCP, les cinq militants « ont été incarcérés pour avoir protesté au nom des victimes de déplacements forcés dus au glissement de terrain d’Attabad » en 2010. En août 2011, la police a tiré sur des manifestants qui réclamaient que toutes les familles concernées reçoivent les aides promises, tuant un fils, puis son père venu le protéger. Ces assassinats avaient provoqué un soulèvement local. Baba Jan, le LPP et le PYF ont joué un rôle très actif pour que ces faits soient connus sur le plan national, et c’est bien pourquoi il a été activement recherché par les services de sécurité.

Gilgit n’est pas le seul endroit où des cadres syndicaux et progressistes ont subi des tortures. Certains ont été assassinés, comme dans la ferme militaire d’Okara ou le centre de production textile de Faisalabad. Des militants sont traînés devant des juridictions antiterroristes ou sont accusés de crimes crapuleux. C’est à cette politique de la terreur exercée à l’encontre des mouvements ouvrier, paysan, populaires et politiques qu’il faut répondre. L’urgence première est de protéger la vie des cinq détenus menacés à Gilgit, d’exiger leur libération immédiate et pour l’arrêt des poursuites devant la juridiction antiterroriste.

Des nombreuses actions de protestation ont été initiées au Pakistan même. Il est très important que la solidarité se manifeste aussi, sans tarder, sur le plan international pour que les autorités du Pakistan et du territoire de Gilgit-Baltistan sachent bien qu’elles seront tenues responsables du sort fait à Baba Jan et à ses camarades.  De premières actions ont été menées dans divers pays et d’autres se préparent en Europe, au niveau parlementaire notamment.

Nous lançons un appel pour que la solidarité s’élargisse et que les initiatives se multiplient : lettres, délégations et piquets devant les ambassades du Pakistan, diffusion de l’information dans les médias internationaux, mise en alerte des réseaux de solidarité, communiqués d’associations de défenses des droits humains, etc.

Nous en appelons aussi à la solidarité financière1 dont le LPP a besoin pour organiser la défense des militants frappés par la répression et pour soutenir leurs familles dans le besoin?

Pierre Rousset, Danielle Sabai1. Envoyez les chèques à l’ordre d’ESSF, 2, rue Richard-Lenoir, 93100 Montreuil. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site www.europe-solidaire.org