La semaine dernière, les troupes françaises dites combattantes se sont retirées de la Kapisa, région d’Afghanistan où elles étaient concentrées. Après leur départ à la fin de cette année, deux ans avant le délai initialement prévu par l’Otan – fin 2014 –, il restera encore 1 500 soldats français qui formeront et encadreront les troupes afghanes toujours dans le cadre de l’Otan, sous la direction des USA, un cadre imposé pour le gouvernement Hollande.«Mission exaltante », « exceptionnelle aventure » s’exclamait le général Hautecloque-Raysz, commandant de la force La Fayette, force qui a connu 54 morts (sur les 88 soldats français morts dans cette sale guerre depuis 2001). Vantardise stupide et cynique d’un militaire qui ne peut reconnaître l’échec évident et annoncé de l’occupation. En 2007, Sarkozy avait décidé à la demande des Américains d’augmenter le nombre de soldats au mépris de ses promesses de campagne. Après la mort le 20 janvier 2012 de cinq soldats français sur une base militaire de cette province de Kapisa, Sarkozy s’était prononcé pour un retrait anticipé des troupes françaises combattantes qu’il fixera à 2013. En mai, François Hollande l’a avancé à la fin 2012. La guerre devient au-dessus des moyens de l’État français : la seule année 2012 aura coûté 500 millions d’euros. Mais ce retrait partiel n’est en rien une rupture avec la politique de l’Otan : la France ne se retire pas pleinement et entend défendre ses intérêts ou plutôt ceux de ses multinationales dans la reconstruction du pays, sous la houlette et dans le cadre de l’Otan. Maintien dans le commandement militaire de l’OtanQuand il était dans l’opposition, le PS avait critiqué Sarkozy pour sa décision de revenir dans le commandement militaire intégré de cette dernière, il n’est plus question aujourd’hui de contester cette décision. Hollande a demandé à Hubert Védrine un rapport sur la question. Ce dernier se félicite que la participation française aux structures de l’Otan soit passée de 242 à 925 militaires avec, en prime, l’octroi de postes importants comprenant notamment un des deux commandements « suprêmes » auprès du secrétaire général. Lors du dernier sommet de l’Otan à Chicago, Hollande s’est aligné sur le Pentagone. Il ne s’en différencie que pour faire du zèle, là encore à la façon Sarkozy, mais cette fois sur la Syrie. Après avoir été le premier à reconnaître la Coalition nationale syrienne, Hollande déclarait il y a peu : « Je ne veux pas dissimuler l’importance de cette question, à la fois le besoin qu’ont les Syriens de disposer de moyens militaires mais aussi le contrôle que la communauté internationale doit assurer ». Et cela, au moment où l’Otan se prépare à répondre positivement à la demande de la Turquie de missiles antimissiles Patriot à la frontière avec la Syrie.En Afghanistan, comme hier en Libye ou aujourd’hui en Syrie, l’État français, que ce soit la droite ou la gauche au gouvernement, se bat pour tenir sa place dans l’Otan afin de défendre ses intérêts impérialistes.Yvan Lemaitre
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