Sur toutes les places et grands carrefours de Lisbonne, pancartes, affiches, banderoles ont appellé à la grève générale du 24 novembre. Celle-ci s’annonçait massive. Pour la première fois depuis 1988 les deux principales centrales portugaises, la CGTP (proche du Parti communiste portugais) qui a pris l’initiative de cette journée et l’UGT (proche du Parti socialiste) appelaient ensemble. Le 24 s’annonce comme la plus grande journée de mobilisation ouvrière et populaire depuis la chute de la dictature en 1974, la Révolution des œillets. Elle a été précédée par une série de journées de grève contre la rigueur et l’austérité, les plans stabilité et croissance (PEC) : les grèves du 4 mars et du 19 mai dans le service public, celle du 29 septembre dans le cadre de la journée européenne lancée par la CES. Le 6 novembre, 100 000 travailleurs de la fonction publique ont manifesté à Lisbonne à l’appelle de la CGTP. Le mécontentement et la colère sont très forts à la fois contre l’austérité mais aussi contre les manœuvres parlementaires du PS. L’inquiétude, la menace du chômage, la précarité qui ne cesse de se développer exigent des réponses radicales.
Au Portugal comme en Grèce ou dans toute l’Europe, la réponse aux attaques des banques n’est pas la sortie de l’euro qu’évoquait récemment un ministre socialiste ou les manœuvres parlementaires mais bien l’intervention des travailleurs et des classes populaires sur le terrain social et politique pour imposer leur droits, refuser de payer la crise et mettre les responsables, les banques, les patrons, leurs États hors d’état de nuire. La journée du 24 est une première étape importante pour regrouper le monde du travail autour du rejet des plans PEC.
Cette première étape qui appelle des suites, la mise en œuvre d’une politique visant à défendre une autre perspective que la soumission au diktat des banques, une politique pour donner confiance aux travailleurs et aux classes populaires en ouvrant la perspective, près de 40 ans après la Révolution des œillets, d’une nouvelle révolution…
Yvan Lemaitre