Les sanctions économiques sont devenues, ces dernières années, l’un des outils les plus importants de la politique étrangère des États-Unis. Il y a actuellement plus de 20 pays soumis à diverses sanctions de la part du gouvernement étatsunien. Parmi eux, l’Afghanistan.
Si davantage d’habitantEs des États-Unis savaient combien de civils innocents meurent réellement à cause de ces sanctions, les pires d’entre elles seraient-elles autorisées ?
Terrible coût humain des sanctions
Selon les prévisions pour l’hiver, 22,8 millions de personnes seront confrontées à des « niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë ». Cela représente 55 % de la population afghane, le chiffre le plus élevé jamais enregistré dans le pays. On estime qu’un million d’enfants souffrent de « malnutrition aiguë sévère » cette année. Les enfants souffrant de malnutrition sont plus susceptibles de mourir d’autres maladies, même s’ils reçoivent suffisamment de calories et de nutriments pour survivre. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies, 98 % de la population ne reçoit déjà pas assez de nourriture.
La sanction la plus importante et la plus destructrice à laquelle l’Afghanistan est actuellement confronté est la saisie de plus de 9 milliards de dollars d’actifs du pays qui sont détenus par la Réserve fédérale des États-Unis (FED). Cela équivaut à environ 40 % de l’économie afghane et à environ 14 mois d’importations du pays, notamment de nourriture, de médicaments et d’infrastructures essentielles à la santé publique.
Mais l’impact de cette perte d’actifs de la Banque centrale s’avère bien plus meurtrier que la perte d’importations essentielles. Les actifs confisqués sont en dollars ; les pays, en général, ont besoin de ces réserves internationales en devises fortes afin de maintenir un système financier et une économie stables. Depuis le gel des réserves de l’Afghanistan, « les pénuries de liquidités et la perte des relations avec les correspondants bancaires ont paralysé les banques afghanes », rapporte le Fonds monétaire international (octobre 2021).
Les rapports de presse sur le terrain décrivent le coût humain terrible des perturbations qui résultent de la perte de ces réserves : des mères désespérées cherchant des médicaments pour leurs enfants émaciés, un nombre croissant de personnes sans revenu, des agriculteurs renonçant à travailler leurs terres.
Punition collective immorale
La monnaie afghane s’est dépréciée de plus de 25 % depuis le mois d’août 2021, rendant le prix des denrées alimentaires et d’autres produits essentiels hors de portée de nombreux habitantEs de ce qui était déjà le pays le plus pauvre d’Asie. Les banques ont imposé une limite de 400 dollars pour les retraits d’espèces, ainsi que des restrictions qui empêchent les entreprises d’honorer leurs salaires. Cela pousse davantage de personnes au chômage et à la faim.
Washington et ses alliés ont fait valoir que les sanctions sont une réponse nécessaire aux violations des droits humains commises par les Talibans, notamment la répression des femmes. Mais ce sont les personnes, en particulier les plus pauvres, qui en paient le prix. Combien de dizaines ou de centaines de milliers de femmes et de jeunes filles faut-il sacrifier pour punir les talibans ?
Les gouvernements occidentaux, menés par les États-Unis comme pendant 20 ans de guerre, n’obtiendront probablement aucune concession des Talibans en détruisant l’économie afghane. Mais un prix énorme sera payé par des millions d’innocentEs, dont beaucoup mourront, car la nourriture, les soins de santé, l’emploi et les revenus se feront de plus en plus rares.
Cette punition collective est atrocement injuste et immorale. L’administration Biden peut supprimer d’un simple trait de plume le principal facteur contribuant à cette situation. Elle devrait le faire immédiatement, avant qu’il ne soit trop tard.
Traduction À l’Encontre