Ce texte est extrait d’une brochure de Joseph Daher,
à paraître aux Éditions La Brèche, qui retrace l’histoire du conflit, des mobilisations et avance des positions pour une solution.
Nous soutenons comme solution à la question palestinienne et la question juive : 1) le démantèlement de l’État colonial d’apartheid et d’occupation qu’est Israël, qui n’a apporté que souffrances à la population palestinienne et n’a jamais permis la sécurité à la population juive d’Israël et d’ailleurs, à l’encontre des assertions et de la propagande mensongère du gouvernement. 2) l’établissement d’un État démocratique, social et laïque dans la Palestine historique de 1948 pour touTEs (IsraélienNEs et PalestinienNEs) sans aucune forme de discrimination, dans lequel toutE palestinienNE, réfugiéE interne ou réfugiéE dans des pays étrangers, a le droit de retourner sur ses terres et sa maison d’origine d’où les PalestinienNEs ont été déplacéEs de force en 1948, 1967 et après.
En même temps, la libération de la Palestine doit être une reconstruction de la Palestine. Elle exige une révolution agraire permettant aux PalestinienNEs qui le désirent de récupérer leurs terres sans pour autant faire régresser l’agriculture actuelle et réduire celles et ceux qui la travaillent à la misère. Elle exige une planification économique et humaine permettant aux réfugiéEs de se libérer socialement sans expulser des millions de juifs/ves. Cela aussi fait partie des changements structurels que le colonialisme a provoqués. Plus généralement, cela doit également inclure un projet global de développement économique et de reconstruction pour garantir aux PalestinienNEs leurs droits sociaux et économiques. Toute tentative de les ignorer serait non seulement réactionnaire, mais aussi vouée à l’échec.
Du point de vue internationaliste, toute solution progressiste à la question de la Palestine passe par la reconnaissance du droit à l’auto-détermination nationale du peuple palestinien, le droit des réfugiés de réintégrer leur patrie dans un cadre fédéral socialiste régional.
Comme le disait Léon Trotsky, « la question juive ne sera pas réglée par le sionisme ou la création d’un État juif ». La question d’un État binational en Palestine, c’est à dire la reconnaissance de droits autonomes des juifs israéliens ou reconnaissance des juifs israéliens comme une entité nationale, ne pourra se faire qu’au moment où toutes les institutions sionistes auront disparu.
Défendre, aujourd’hui, le droit à l’auto-détermination des juifs israéliens, est soit réactionnaire, soit absurde : réactionnaire car cela revient à reconnaître la légitimité du colonialisme sioniste ; absurde dans la mesure où une telle défense serait présentée comme une revendication, alors que les juifs sont en état non seulement de réaliser leur auto-détermination, mais aussi de refuser celle des Palestiniens.
Comme le disait le parti israélien d’extrême gauche Matzpen : « Il ne s’agit pas du droit à l’auto-détermination des juifs israéliens dans le contexte actuel. Ce que nous discutons ici c’est le droit à l’auto-détermination dans le cadre de la révolution socialiste… ». En d’autres termes, il s’agit du droit à l’auto-détermination des juifs israéliens une fois le sionisme défait et l’État juif détruit. Mais ils ajoutent : « Le droit à l’auto-détermination des Juifs Israéliens ne saurait limiter le droit au retour des Palestiniens ».
Ce n’est qu’à travers cette stratégie révolutionnaire régionale que nous pouvons envisager une solution qui passe par l’établissement d’un État démocratique, socialiste et laïc dans la Palestine historique, avec des droits égaux pour les peuples palestinien et juif, au sein d’une fédération socialiste à l’échelle du MOAN (Moyen-Orient et Afrique du nord).
Pour mettre en œuvre cette stratégie, les PalestinienNEs doivent forger une nouvelle direction politique engagée dans l’auto-organisation par le bas au sein de la Palestine historique et de la région. Ils ne peuvent pas le faire seuls, mais doivent le faire en collaborant avec les socialistes d’Égypte au Liban, en Syrie, en Iran, en Turquie, en Algérie et dans tous les autres pays.
La tâche la plus importante pour ceux et celles qui sont en dehors de la région est de gagner la gauche, les syndicats, les groupes et mouvements progressistes à soutenir la campagne de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël.
La campagne BDS remet au centre des préoccupations du mouvement de solidarité avec la Palestine les droits fondamentaux du peuple palestinien :
1. mettre fin à son occupation et à sa colonisation de toutes les terres arabes et démanteler le mur ;
2. reconnaître les droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à une égalité absolue ;
3. et respecter, protéger et favoriser les droits des réfugiéEs palestinienNEs à revenir dans leurs maisons et propriétés comme stipulé dans la résolution 194 de l’ONU.
En imposant ces objectifs aux institutions et aux entreprises des puissances impérialistes, en particulier les États-Unis, nous contribuerons à bloquer leur soutien à Israël et à d’autres régimes despotiques et à affaiblir leur emprise dans la région.
La libération de la Palestine passe donc par la libération de tous les peuples vivant sous les tyrans de Damas, Riyad, Doha, Téhéran, Ankara, Abu Dhabi, Le Caire, Amman, et les autres. Comme l’écrivait un révolutionnaire syrien depuis le plateau du Golan syrien occupé par Israël à l’été 2014, « la liberté, un destin commun pour Gaza, Yarmouk et le Golan ». Ce slogan porte l’espoir d’une transformation révolutionnaire régionale, seule stratégie réaliste de libération.