La guerre continue malgré l’accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, signé à Washington sous les auspices de Trump.
Dès le début, les observateurs étaient circonspects sur l’arrêt du conflit, du fait de la mise en place de deux processus de paix parallèles et intimement liés.
Deux accords de paix
Le premier, parrainé par les USA, est un accord entre États, la RDC et le Rwanda. Il a été signé le 27 juin dernier. De l’avis même des acteurs, il prend du retard, notamment sur la question du retrait des forces rwandaises du territoire congolais. Il est conditionné à la mise hors jeu, par les forces armées de la RDC (FARDC), des FDLR, une milice composée d’anciens génocidaires dont le Rwanda surestime le danger, considérant qu’elle représente une menace existentielle.
Le second accord, toujours en discussion, est celui de Doha, cette fois-ci entre la RDC et la milice M23/AFC, massivement soutenue par le Rwanda. Elle a conquis une large part du territoire de l’est du pays en occupant les principales villes de Goma et Bukavu. Les pourparlers piétinent. Les autorités congolaises exigent de recouvrer leur autorité sur l’ensemble du territoire, quand le M23/AFC parle de cogestion de la région. Si le M23, au début, était une rébellion strictement militaire, elle s’est transformée en force politique avec l’adjonction de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), dirigée par Corneille Nangaa.
Régime parallèle et essor des milices
Cette milice a rapidement installé une nouvelle administration pour gérer les territoires conquis. Des gouverneurs ont été nommés, des tribunaux institués et, depuis peu, une police a été créée avec l’embauche de nouveaux fonctionnaires. Les chefs coutumiers opposés à ce nouveau pouvoir ont été écartés et parfois éliminés physiquement. L’autre problème épineux est celui de la démobilisation des forces du M23. Ces combattants exigent d’être intégrés à l’armée. Tshisekedi, le président de la RDC, refuse catégoriquement, considérant qu’une telle intégration serait une épée de Damoclès pour son régime.
Pour mener la guerre contre le M23/AFC, le gouvernement congolais a largement fait appel à de nombreuses milices qui sévissent dans la région. Elles agissent sous le nom générique de Wazalendo (les patriotes, en kiswahili). Officiellement, leurs membres ont le statut de « réserve armée de la défense ». Dans les faits, les Wazalendo bénéficient d’une grande indépendance et considèrent qu’ils ne sont pas tenus par les engagements pris à Doha, car absents des discussions. En effet, ces derniers avaient demandé à participer aux réunions, mais le refus tant du gouvernement congolais que du M23/AFC a abouti à ignorer les revendications de ces groupes armés. Déjà apparaissent les premières escarmouches entre milices Wazalendo et FARDC. La dernière en date s’est déroulée à Uvira, provoquant la mort d’une dizaine de personnes
Contrairement à ce que Trump déclare, lorsqu’il affirme avoir mis fin à une guerre de trente ans, le conflit perdure, poussant les populations civiles, victimes des exactions perpétrées de toutes parts, à prendre le chemin de l’exil.
Paul Martial