« Si la terre était une banque, cela fait longtemps qu’on l’aurait sauvée ». Ce slogan de la grève Climat trouve tout son sens après les annonces du Conseil fédéral et de la Banque nationale suisse (BNS) de débloquer 209 milliards pour sauver le Crédit quisse (CS) et assurer son rachat par l’UBS.
Lorsqu’il s’agit du CS, et pas de l’avenir de l’humanité, il y a soudain des réunions extraordinaires du Conseil fédéral tous les jours, des émissions spéciales tous les soirs et une utilisation flexible des lois et des milliards. Voilà le scandale. Pendant des années, le CS a poursuivi le profit à tout prix, entraînant des scandales de corruption, des violations des droits humains et l’aggravation de la crise climatique. Aujourd’hui, Crédit suisse est sauvé avec de l’argent public. Ou plus clairement : privatisation des profits, socialisation des pertes.
Les scandales à répétition du Crédit suisse
Le CS est en crise structurelle depuis longtemps à cause de la poursuite de la recherche du profit à tout prix, du court-termisme et du manque de régulation. Durant cette dernière décennie, les scandales se sont enchaînés. Pour l’exploitation d’un gigantesque gisement de gaz, la banque a fait plonger le Mozambique dans une crise de la dette publique. L’hébergement par le CS de fonds de clients sulfureux, dont des dictateurs, a été confirmé par l’enquête « Swiss Secrets ». CS et ses actionnaires majeurs saoudiens et qataris, qui refusent aujourd’hui d’éponger les pertes, ont soutenu massivement le fracking (fracturation hydraulique), avec des conséquences catastrophiques dans le monde entier.
La crise du CS montre le fonctionnement du système capitaliste qui sauve des banques plutôt que de les contrôler pour assurer le bien-être commun. L’unique paramètre important est la confiance des marchés pour que se poursuivent les profits. Et pour les rassurer, il faut agir vite (avant l’ouverture des bourses le lundi matin !), ce qui rend impossible l’exercice démocratique, qui demande du temps. Les accords conclus durant cette crise ne sont pas transparents. Il est difficile d’en connaître les conditions, alors que la population suisse devient la garante des risques engendrés par le rachat du CS.
Le Crédit suisse sauvé en une nuit… et plusieurs milliards de dollars
L’injustice sociale est saillante dans ce système où il possible de sauver une banque, mais impossible de financer le minimum vieillesse (AVS) sans augmenter l’âge du départ à la retraite des femmes (passé de 64 à 65 ans le 25 septembre dernier). Alors oui, quand on sait que la BNS peut en une nuit prêter 50 milliards CHF au CS et que la Suisse est incapable de trouver 13 milliards de dollars par an pour financer la neutralité carbone en 2050, on peut trouver cela ahurissant.
Pourtant, les solutions transitoires pour améliorer ce système existent. Les conditions de prêt doivent être totalement transparentes et toute assistance de la BNS et de la Confédération doit être conditionnée par des directives socialement justes et climatiquement soutenables. À moyen terme, pour réguler efficacement les acteurs financiers privés, le meilleur moyen serait de supprimer le secret bancaire, ainsi que les nombreux privilèges fiscaux accordés aux personnes physiques et aux entreprises.
Un dégoût profond de ce système remplit mon corps et mon cœur. Le gouvernement devrait travailler à démocratiser les banques comme UBS en les plaçant sous le contrôle des pouvoirs publics, des salariéEs et des citoyenEs plutôt que sauver impunément Crédit suisse.