Donald Trump a prononcé son discours sur l’état de l’Union le 30 janvier 2018 au Congrès (Chambre des représentants et Sénat). Ce discours était attendu car c’est le premier discours sur l’état de l’Union de Trump en tant que président ; il a attiré 45,6 millions de téléspectateurs.
Trump a confirmé à l’occasion de son discours qu’il poursuivrait la politique qu’il a menée jusqu’à maintenant : militarisme à outrance, baisse des impôts pour les super riches, retour de l’exploitation massive du charbon, etc.
Trump est-il « fou » ?
Dans les médias du monde -entier, une petite musique se fait entendre : la politique guerrière et outrageusement pro-riches de Trump serait due à sa « folie ». Certes, le personnage est incontrôlable, comme le montrent ses innombrables sorties en politique internationale, des provocations guerrières contre la Corée du Nord à sa qualification de Haïti et d’autres pays de « pays de merde ». Mais le qualifier de fou arrange bien du monde, tant il bénéficie en fait du soutien de la classe dirigeante étatsunienne, et en premier lieu du parti du Big Business, le Parti Républicain, mais pas seulement. La décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël a par exemple reçu le soutien des deux partis.
La première chose qui frappe avec le discours de Trump, c’est la continuité avec ceux d’Obama. Loin de l’image de fou déraisonnable, Trump sait mâtiner son discours populiste et rassurer Wall Street quand il le faut. Sur l’immigration, il a su manier la carotte et le bâton, proposant à la fois un accès à la citoyenneté à 1,8 million de jeunes « Dreamers » (programme d’accès à la citoyenneté pour les mineurEs sans-papiers, que Trump veut supprimer) mais exigeant en échange 20 milliards de dollars pour son mur entre USA et Mexique. Ce deal rappelle ceux d’Obama qui avait permis des accès à la citoyenneté et en même temps intensifié les expulsions d’immigréEs.
Surenchère démocrate ?
Les Démocrates ont réagi en demandant au représentant du Massachusetts Joe Kennedy de prononcer leur discours sur l’état de l’Union en réponse à celui de Trump. Joe Kennedy n’est pas seulement le descendant d’une dynastie bien connue de politiciens et de trafiquants d’alcool, mais a ce trait particulier d’avoir une des plus grosses fortunes personnelles de la Chambre des représentants : 43,2 millions de dollars. Copieusement financé par l’industrie des assurances, de la banque et du pétrole, il s’oppose à un système de sécurité sociale national gratuit, à la gratuité de l’université et à taxer même très légèrement les banques de Wall Street. De la part d’un si digne représentant de la classe politicienne bourgeoise, on ne pouvait attendre rien de très révolutionnaire. Mais les Démocrates sous Trump se distinguent par leur capacité à être parfois à droite de celui-ci, en l’attaquant sur l’affaire de l’influence russe sur la campagne électorale de 2016 et en l’accusant d’être un « vendu » aux influences étrangères. Même Bernie Sanders, perçu par certains comme une alternative de gauche à l’intérieur des Démocrates, a tweeté : « Comment Trump peut-il ne pas parler de la réalité que la Russie, à travers la cyberguerre, a interféré dans nos élections démocratiques de 2016 et va le refaire en 2018 selon son propre directeur de la CIA ? » Finalement qu’il soit le président des riches et des marchands de canons n’est pas important, il ne serait pas assez patriote et pas suffisamment guerrier...
À l’occasion des élections de mi-mandat de 2018, des candidats socialistes révolutionnaires se présentent indépendamment des Démocrates dans certains endroits. Espérons que la réussite de leurs campagnes soit un premier pas vers la construction d’un parti des travailleurs révolutionnaires, indépendant, qui soit aussi fidèle aux exploitéEs que les partis actuels le sont aux exploiteurs.
Stan Miller