Le Premier ministre grec Alexis Tsipras annonçait triomphalement en août dernier que, grâce aux efforts réalisés, la Grèce avait retrouvé la liberté de fixer elle-même sa politique économique, Dans ce cadre, allaient être reversés à Athènes plus de 4 milliards d’euros issus des bénéfices obtenus par les institutions européennes et internationales sur leurs titres grecs. En effet, les créanciers du pays ont encaissé des intérêts juteux, sans grand risque puisque le gouvernement grec était sous tutelle.
Ce qu’avait oublié de préciser Tsipras est que la Grèce restait sous la surveillance des autorités européennes. Dernier épisode : la Commission européenne a décidé en novembre de décaler le remboursement de ces profits car, malgré son zèle austéritaire, le gouvernement Tsipras n’en fait jamais assez pour Bruxelles. Ce qui bloque aujourd’hui, ce sont les privatisations, qui n’iraient pas assez rapidement. Pourtant, en matière budgétaire, le gouvernement grec est complètement dans les clous : il paye bien la dette et dégage un excédent de 3,5 % du produit intérieur brut.
Pour aider les banques privées à recouvrer leurs emprunts, le gouvernement Syriza a aussi considérablement intensifié la pression sur les propriétaires endettés. Une législation spéciale a été ainsi adoptée contre les opposantEs aux saisies immobilières. Depuis le début de cette année, des dizaines de militantEs à travers le pays ont fait l’objet de poursuites et plusieurs procès sont en cours. Toutes celles et tous ceux qui agissent pour les droits sociaux sont exposés à la répression en Grèce. Il faut bien en passer par les quatre volontés du capital et de ses commis.
L’austérité permanente, voilà ce qui est promis à la population grecque, mais pas seulement à elle. La France n’est certes pas un pays dominé dans l’Union européenne, sa situation est différente mais l’inspiration est la même : mentir et réprimer si nécessaire. Parmi les contraintes de la politique de Macron figure en bonne place le paiement d’une dette publique gonflée par les baisses d’impôts sur les riches et les grandes entreprises. En 2018, près de 42 milliards d’euros ont ainsi été versés en intérêts aux détenteurs des titres de la dette française. Pas question de dévier de cette priorité... Quitte à raconter n’importe quoi à la population sur les taxes « écologiques » et les capitalistes qui créeraient des emplois quand on baisse leur ISF.
Tsipras vient de la gauche, Macron a joué à être au-dessus des partis, mais ils se retrouvent dans le même bateau de gérants des intérêts du capital.