La Californie est à la base… un désert ! Aujourd’hui surnommée le potager des États-Unis, la vallée centrale de la Californie produit 60 % des fruits et 51 % des légumes du pays. Et pourtant depuis début août, la Californie brûle !
Plus de 20 foyers, près de 10 000 pompiers mobilisés, un pompier mort, 6 000 personnes évacuées, plus de 500 km2 déjà détruits... L’année 2015 bat les records : à mi juillet, déjà 3 400 feux, soit 1 000 de plus qu’en année « normale », deux fois plus d’hectares ravagés qu’il y a 40 ans.
Après 4 années de sécheresse, le gouverneur Jerry Brown a fini par imposer aux habitants, après les entreprises et les équipements publics, une restriction de la consommation d’eau. Cet été, il n’est permis d’arroser sa pelouse que deux à trois fois par semaine. Même les agriculteurs, jusqu’à présent épargnés, vont devoir s’y mettre...
La faute à qui ? D’abord aux amandes. La Californie est le plus gros producteur d’amandes du monde : 4 amandes sur 5 viennent de cet État, 320 000 hectares, 6 500 producteurs qui ont besoin de 16 095 litres d’eau pour produire un kilo d’amandes écalées (pour un kilo de noix de Grenoble 9 280 litres, de bœuf 15 400 litres, et de poulet 4 325 litres). L’agriculture consomme donc 80 % de l’eau de l’État.
En Californie comme en Europe, l’utilisation des pesticides de la famille des néonicotinoïdes des firmes Syngeta et Bayer dans toute l’agriculture intensive (céréales, amandes…), pesticides jusqu’à 8 000 fois plus toxique que le DDT pour les abeilles, provoque un massacre général des insectes du sol et des invertébrés des rivières. Et pour polliniser leurs arbres, les producteurs d’amandes californiens doivent chaque année louer et déplacer environ 53 000 ruches venues de tous les États-Unis...
Champion du monde de la pollution !
Pendant que la forêt brûlait chez eux, les producteurs d’amandes de Californie faisaient une belle campagne de pub en France, notamment dans le métro parisien. Forcément, c’est la saison des apéros... Le California Almonds Board communique largement sur les pratiques de développement durable de ses membres : si on réutilisait tous les déchets issus de la production des amandes, le bilan carbone de cette dernière pourrait être neutre voire même négatif, disent-ils...
Mais ce n’est pas tout : Nestlé, la plus grande transnationale de l’agro-alimentaire, pompe consciencieusement les nappes phréatiques pour alimenter ses cinq usines d’embouteillage en Californie. Elle veut même augmenter les prélèvements car le marché a soif. Et les camions Nestlé de sillonner ensuite les USA...
Et enfin, le gouverneur de Californie a autorisé le « fracking », la fracturation hydraulique. L’État est désormais le troisième producteur de pétrole du pays derrière le Texas et le Dakota. Les énormes quantités d’eau utilisées pour faire remonter ce pétrole très visqueux repartent ensuite très souillées dans les nappes...
Pendant ce temps, Obama dévoile son plan de lutte contre le réchauffement climatique reposant sur trois points essentiels : réduire de 32 % le niveau des gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport aux valeurs de l’année 2005) ; limiter la construction d’usines à charbon ; augmenter le solaire ou l’éolien. La part des énergies renouvelables passerait de 11 % aujourd’hui à 28 % en 2030. Obama a juste « oublié » les émissions liées à l’industrie et aux transports, « oublié » que plusieurs États sont défigurés par l’exploitation des gaz de schistes, et « oublié » enfin que, comme premier pollueur au monde, les États-Unis ont une responsabilité historique.
Commission nationale écologie