Publié le Jeudi 10 avril 2025 à 08h00.

USA : La résistance grandit

Des millions de personnes dans les 50 États, ont rejoint 1 600 manifestations dans les grandes villes et les petites villes pour protester contre le président Donald Trump et son homme de main, le milliardaire Elon Musk, le 5 avril, avec un certain nombre de petites manifestations de solidarité dans les villes européennes.

Les manifestations « Hands off » (Bas les pattes), les plus grandes manifestations anti-Trump à ce jour, ont exigé que Trump ne touche pas à la démocratie, aux droits humains, aux droits reproductifs, à la sécurité sociale, à Medicaid, aux écoles publiques, aux immigréEs et aux personnes LGBT. À New York, où j’ai rejoint la manifestation sous la bruine, quelque 50 000 personnes ont participé à une marche animée, avec de nombreuses pancartes et banderoles créatives fabriquées. On pouvait lire : « Hands off Our Planet » (Ne touchez pas à notre planète) ; « Disparaître pour parler = fascisme » et « Ne touchez pas à nos corps, à notre démocratie, à notre liberté, à notre Constitution ». Quelques pancartes de soutien à l’Ukraine étaient également disséminées dans la manifestation, mais peu d’entre elles évoquaient le ­génocide palestinien.

Première mobilisation pour de nombreuses personnes

Dans l’État de l’Ohio, dominé par les Républicains, Common Cause, un groupe qui œuvre en faveur d’élections libres et équitables, a contribué à l’organisation de la manifestation. Mia Lewis, de Common Cause Ohio, a déclaré : « Pour de nombreuses personnes, il s’agit de la première manifestation à laquelle elles participent. Elles ne viennent pas pour démolir quoi que ce soit, mais pour défendre la Constitution, l’État de droit et notre démocratie. Trop c’est trop ! »

Au Colorado, un État contrôlé par les démocrates, 8 000 personnes se sont rendues au Capitole de Denver. « Nous nous attendions à une bonne participation, mais c’est mieux que ce que nous pensions », a déclaré Morgan Miransky, organisateur bénévole. « Nous espérons que d’autres personnes viendront nous rejoindre, et nous espérons que cela se transformera en un mouvement de résistance plus large à l’échelle nationale. »

Des manifestations majoritairement blanches

Les manifestations ont été convoquées par diverses organisations, notamment des groupes du parti démocrate comme Indivisible, des groupes de travailleurEs comme le Federal Unionists Network, et des groupes de défense de l’environnement, de la religion, des droits humains et des droits civiques. Toutefois, à New York, les plus grands syndicats, tels que le Service Employees International Union et l’American Federation of State, County, and Municipal Employees, qui comptent de nombreux membres noirs, n’ont pas réussi à mobiliser leurs rangs. Le syndicat des travailleurEs de la City University of New York a fait exception à la règle. La plupart des syndicats n’ont pas réussi à mobiliser leurs membres au niveau national, bien que des travailleurEs fédéraux, dont beaucoup venaient d’être licenciéEs, se soient joints aux manifestations.

La manifestation de New York était très majoritairement blanche, avec seulement un petit nombre de participantEs noirEs, dans une ville où les NoirEs représentent 20 %, les Latinos 28 % et les Asiatiques 15 % de la population. Certains Latinos sont peut-être restéEs chez eux par crainte d’être détenuEs et expulséEs, car Trump est actuellement engagé dans une campagne d’expulsion massive. Certains influenceurs noirs sur les médias sociaux ont dit à leurs adeptes de rester chez eux, que la marche ne les concernait pas. La faible participation des NoirEs a été un problème presque partout.

La légitimité des démocrates toujours en question

Dans certaines villes, en particulier à Washington, mais aussi dans d’autres, des politiciens du Parti démocrate ont pris la parole pour tenter de regagner le soutien des membres du parti qui ont été profondément déçus par l’incapacité des démocrates à lutter contre Trump. Jamie Raskin, membre influent du Congrès du Maryland, a déclaré à la foule : « Ils pensent que la démocratie est condamnée et qu’un changement de régime est à notre portée si seulement ils peuvent s’emparer de notre système de paiement. S’ils pensent qu’ils vont renverser les fondements de la démocratie, ils ne savent pas à qui ils ont affaire ». Dans tout le pays, en particulier dans les capitales des États, les démocrates ont tenté de séduire les électeurs, mais il sera difficile de convaincre les nombreux déçus de la campagne de la sénatrice Kamala Harris ou du soutien des démocrates à la guerre génocidaire d’Israël.

Ces manifestations ont constitué un grand pas en avant mais les grands syndicats ne sont toujours pas vraiment dans la bataille, et il n’y a pas de leader­ship commun ni de consensus sur la question de savoir si les démocrates ou les manifestations de masse représentent l’avenir. La gauche n’a qu’une faible présence et joue peu de rôle jusqu’à présent.

Dan La Botz, traduction par la rédaction