Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sera présent à Paris le 16 juillet prochain pour un « entretien de travail » avec Emmanuel Macron et pour participer aux commémorations de la rafle du Vél d’Hiv’. Une visite révoltante.
Netanyahou, Premier ministre depuis plus de huit ans, est l’incarnation de la politique oppressive, brutale et discriminatoire dont est victime le peuple palestinien. Sous son mandat, la colonisation s’est accélérée pour atteindre aujourd’hui le chiffre de plus de 600 000 colons à Jérusalem et en Cisjordanie. Corollaire de cette politique, les expulsions et les destructions de maisons palestiniennes se poursuivent, ainsi que la répression de toute contestation.
Près de 6 500 prisonniers palestiniens croupissent aujourd’hui dans les geôles israéliennes, dans des conditions si révoltantes que plus d’un millier d’entre eux ont participé à un vaste mouvement de grève de la faim en avril-mai dernier. Le blocus inhumain de Gaza se poursuit, avec des accès à l’eau potable et l’électricité de plus en plus restreints, et une dégradation continue des conditions de vie et de santé de la population.
Ignoble instrumentalisation
Après avoir reçu Poutine, et deux jours après avoir accueilli Trump le 14 juillet, Macron poursuit sur sa lancée en se faisant l’hôte du Premier ministre d’un État terroriste. Et comme si cela ne suffisait pas, Netanyahou participera aux commémorations de la rafle du Vél d’Hiv’, au cours de laquelle, les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés par les autorités de Vichy, à la demande des nazis, avant d’être déportés.
Lorsque l’on connaît la propension des dirigeants israéliens en général, et de Netanyahou en particulier, à instrumentaliser la mémoire du génocide, dont ils se revendiquent les uniques dépositaires, on ne peut qu’être révolté. Comme l’ont souligné Dominique Vidal et Bertrand Heilbronn dans une tribune publiée sur Mediapart, « Israël ne peut se présenter comme le seul héritier des victimes de la Shoah, qu’il ne saurait transformer de manière posthume en partisans de la création de l’État d’Israël .»
Macron complice d’une opération de manipulation
En 2013, l’historien israélien Zeev Sternhell, spécialiste de l’extrême droite et du fascisme, écrivait lucidement : « Il est plus difficile encore d’échapper à la conclusion que la droite israélienne (…) distance de très loin la droite du Front national de Marine Le Pen. Comparée à la plupart des membres du gouvernement et de la Knesset, cette dernière ressemble à une dangereuse gauchiste. »
Ces lignes n’ont malheureusement pas pris une ride. La coalition dirigée par Netanyahou est un regroupement de racistes et de néofascistes qui associent politiques d’occupation et d’apartheid contre les Palestiniens, répression de toute contestation, censure contre les médias pas complètement aux ordres, complaisance vis-à-vis de bandes armées fascistes qui parcourent les rues pour « casser de l’arabe et du gauchiste », etc.
La visite de Netanyahou est donc doublement révoltante, et Macron porte la responsabilité de ce scandale. En permettant la présence de Netanyahou lors des commémorations de la rafle du Vél d’Hiv’, Emmanuel Macron, l’ami des puissants et des bourreaux, facilite une opération de manipulation de la mémoire du génocide juif orchestrée par la droite et l’extrême droite -israéliennes. Nauséabond.
Julien Salingue