Avec l’entrée des jeunes dans le mouvement contre la réforme des retraites, le gouvernement renforce sa politique sécuritaire et policière. Toute forme de contestation est chaque jour plus criminalisée. On a l’habitude. Depuis plusieurs années maintenant, la répression s’abat systématiquement sur les acteurs et les actrices du mouvement social. Avec Sarkozy au pouvoir, on ne peut plus parler de dérive sécuritaire, mais bien d’un climat autoritaire renforcé par des politiques de plus en plus liberticides. Acculé, discrédité, le gouvernement craint plus que jamais l’irruption de la jeunesse dans le mouvement. À ses yeux, le seul moyen d’empêcher cela est de réprimer et d’envoyer « les forces de l’ordre » face aux lycéens comme face aux salariés. Il s’agit de faire peur, de dissuader par la brutalité policière et par des décisions de justice arbitraires, après des comparutions immédiates, condamnant des manifestants à des peines de prison ferme, comme à Saint-Nazaire, par exemple, il y a trois semaines. Il s’agit de casser toute action des grévistes en envoyant les CRS lever des blocages ou en laissant la Brigade anti-criminalité (BAC) provoquer et matraquer à outrance. Ces derniers utilisent des méthodes de voyous pour piéger les manifestantEs, jeunes ou non. Mais la répression s’est particulièrement déchaînée lorsque les lycéens ont débrayé massivement. De Lyon à Chambéry, en passant par Rennes, Saint-Denis ou Montreuil, il a suffi que les jeunes fassent grève ou bloquent leurs établissements pour que la police intervienne automatiquement et brutalement. Parfois, elle est présente avant même que les élèves arrivent dans leur lycée, comme ce fut le cas vendredi 15 octobre au matin, à la suite d’un ordre donné aux préfets par Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur. Son objectif n’était aucunement d’assurer « la sécurité », comme on a pu l’entendre de la bouche de ces policiers, mais bien d’empêcher toute nouvelle initiative des lycéens grévistes. Cette présence et cette répression policière ont inévitablement des conséquences dramatiques : le tir de flashball qui a démoli le visage d’un lycéen de Montreuil en est la triste démonstration. Ce grave incident a, à juste titre, ému et indigné la majorité de l’opinion. Même si le préfet de Seine-Saint-Denis et Brice Hortefeux ont demandé de la « retenue » aux policiers, il n’empêche que ces derniers n’hésitent pas à arrêter, à blesser, qui des lycéens, qui des syndicalistes, c’est-à-dire ceux et celles qui osent remettre en question l’ordre établi. Ces attitudes sont en réalité largement encouragées par le ministère de l’Intérieur et par l’exécutif. Cette répression s’accompagne d’un discours inacceptable sur cette jeunesse à qui on accole un seul qualificatif, dangereuse, à qui on refuse tout droit et surtout celui de réfléchir et d’agir. Pour la droite réactionnaire et autoritaire, un jeune peut être pénalement responsable à 13 ans mais n’a pas le droit d’avoir des idées politiques à 16. Le vieil adage gaulliste « soit jeune et tais-toi » pourrait bien s’appliquer à l’ère sarkozyste. À l’heure où sont écrites ces lignes, de nombreuses arrestations ont déjà eu lieu. Le NPA exige que les manifestantEs arrêtéEs soient relâchéEs sans poursuite et que les policiers auteurs de violence soient eux sanctionnés. Myriam Martin