Publié le Jeudi 31 mars 2016 à 09h10.

Jeunesse : « Montrer au gouvernement qu’on ne lâchera rien jusqu’au retrait »

Nous avons rencontré deux étudiantEs partie prenante du mouvement actuel contre la loi El Khomri, Martin qui étudie la psychologie à la fac de Nanterre, et Caroline qui est en science politique à Paris 8...

Pourquoi vous êtes-vous mobilisés contre la loi travail ?

Caroline : J’ai décidé de me mobiliser contre la loi travail parce que j’en ai entendu parler dans ma fac dans les différents comités qu’on avait déjà créés, par exemple contre l’état d’urgence. On a commencé à en parler et j’ai vu les gens autour de moi se mobiliser, ce qui fait que je me suis renseignée sur ce projet de loi, de ce qu’il portait et quelles pouvaient être les injustices futures que la loi engendrerait. Je me suis rendue compte effectivement qu’il était vraiment important de se mobiliser et de montrer qu’on en a vraiment marre, que c’est vraiment la goutte d’eau du gouvernement, et qu’il ne faut pas laisser passer ça. Du coup, à partir de là, je me suis mise dans le mouvement.

Martin : Mobilisé parce que même si je ne serais peut-être pas touché directement par cette loi, j’ai des amis, des connaissances, qui eux seront touchés. Je le fais donc par solidarité envers tous les travailleurs et futurs travailleurs que je connais et que je ne connais pas. De plus, l’idée même de réduire les droits sociaux du peuple au profit des grands patrons me déplaît. Cette loi est donc le feu vert pour se mobiliser massivement et réclamer des libertés et des droits sociaux et faire reculer le capitalisme.

Et quels sont les conséquences pour notre avenir en tant que jeune ?

Caroline : En tant que jeune, on est déjà précaire sur le marché du travail parce qu’on voit qu’aujourd’hui, il faut attendre plusieurs années après avoir eu son diplôme pour trouver un CDI selon les secteurs. Avec cette loi, on se rend compte qu’on précariserait encore plus les jeunes : ils pourront être licenciés plus facilement, ils auront de leur patron une pression... Ainsi si l’on fait par exemple un référendum, on sait bien que leur choix final ne sera pas celui qu’ils voulaient pour eux, mais plus celui pour leur patron puisqu’ils ont une pression... Et nous on ne peut pas laisser le marché du travail se dégrader encore plus, sachant qu’il y a un taux de chômage qui est très élevé en France. En tant que jeune, on ne peut pas se permettre d’avoir ça toute notre vie.

Et comment ça se passe concrètement ? Quelle est la situation ? Quelle est l’ambiance ? Quelles sont les décisions que vous avez prises pour la mobilisation ?

Caroline : à Paris 8, on est très mobilisé, ça va faire trois semaines maintenant. On a tenu différentes AG dans les départements, et avec tous ces comités, ces groupes de mobilisation, on arrive vraiment à mettre en place différents projets pour ouvrir notre mobilisation vers l’extérieur, pour que les travailleurs nous rejoignent. On arrive à parler de la loi à ceux qui n’en ont pas entendu parler dans la fac et à les mobiliser, à leur faire comprendre que c’est important, et du coup, on est pas mal aussi en manifestation. On arrive à rassembler un peu partout...

Martin : Nous avançons progressivement, nous informons les étudiants, nous nous mettons en grève, nous organisons des rassemblements et des assemblées. Nous tissons aussi des liens avec des travailleurs et syndicats en grève. Le plus dur reste de faire se mobiliser les étudiants qui n’ont pas encore pris part à la lutte, ce qui est particulièrement le cas dans certains UFR.

Et aujourd’hui par exemple, que se passe-t-il dans votre fac ?

Caroline : Aujourd’hui on a tenu une AG. On a fait un blocus des bâtiments pour permettre à tous de venir, car on sait qu’il y a des étudiants salariés ou qui sont en demande de papiers qui ont besoin d’aller aux cours. Du coup, en bloquant les bâtiments, ça leur permet de pas avoir d’absence, et de pouvoir venir à l’AG. Et nous, on essaye d’informer depuis ce matin, en distribuant des tracts, en discutant avec les gens, pour essayer de leur raconter tout ce qui se passe.

Martin : Nous avons voté la grève dans certaines filières et ce jeudi 31 sera un point d’appui important pour reconduire et regrouper plus largement les étudiants mobilisés.

Et c’est quoi la perspective d’ici le 31 et après ?

Caroline : jeudi, ça va être une journée majeure. J’espère qu’il y aura vraiment le plus de personnes dans la rue, que ce soit au niveau des chômeurs, des travailleurs, des étudiants, des lycéens... Et après cette journée, on espère que le mouvement va s’amplifier pour vraiment montrer au gouvernement que c’était pas juste deux semaines de mobilisation pour ensuite baisser les bras, qu’il y a de plus en plus de gens qui se mobilisent. Pour montrer que cette loi ne doit pas passer. On voit une réaction dans la population, des gens qui sont vraiment contre, et du coup, après le 31, le but doit être de continuer le mouvement, de l’amplifier et de montrer au gouvernement qu’on ne lâchera rien jusqu’au retrait.

Propos recueillis par des correspondantEs du NPA Jeunes