Bientôt deux mois que dans de nombreuses familles, la consultation quotidienne de la plateforme Parcoursup’ est devenue un rituel presque machinal duquel on n’attend rien. Au mieux quelques places sur une liste d’attente. Au pire, un statu quo qui pourrait durer jusqu’en septembre.
Ils étaient 812 000 sur la ligne de départ de Parcoursup, mais seulement 52,8 % ont fini la course et se sont inscrits dans une des formations qui les acceptaient. Si 13,7 % se sont désinscrits de la plateforme, ou bien pour s’inscrire dans des formations hors Parcoursup (grandes écoles, formations privées hors de prix) ou pour abandonner l’idée de faire des études, 33,5 % sont encore en attente sur la plateforme, soit 284 000 étudiantEs qui ne savent pas encore où ils et elles seront inscrits l’an prochain.
Une catastrophe annoncée
Selon le Monde, 160 000 d’entre elles et eux ont reçu une réponse positive d’un établissement sans que celle-ci ne les satisfasse, tandis que 110 000 n’ont toujours aucune réponse. À titre de comparaison, le 24 juillet 2017, ce sont 65 000 bacheliers qui étaient sans aucune réponse, soit presque deux fois moins qu’aujourd’hui, à une semaine près. Pire encore : 14 000 étudiantEs n’ont reçu que des « non » et sont sans solution à l’heure actuelle. Tous ces chiffres montrent la catastrophe (ô combien annoncée !) de Parcoursup, qui avait été vendu par le gouvernement comme le remède miracle contre l’échec d’APB et de ses milliers de « sans-facs ». Mais tout comme les saignées médiévales, qui affaiblissaient plus les fiévreux qu’elles ne les guérissaient, Parcoursup montre tous les jours que, plutôt que de résoudre les problèmes de l’orientation dans l’enseignement supérieur, elle les aggrave, laissant sur le bord de la route des dizaines de milliers de jeunes.
Procédures opaques, claires discriminations
Malgré le semblant de transparence gouvernementale sur l’algorithme de Parcoursup la procédure est encore plus opaque qu’APB, étant donné que l’algorithme national agit sur des résultats déjà produits par les universités, qui font leur classement en amont dans la plus grande opacité. Des parlementaires, comme Pierre Ouzoulias (PCF) ont d’ailleurs dénoncé cette « petite tambouille » des universités, leur permettant de classer de n’importe quelle façon, sans rendre de compte aux étudiantEs. Les quelques informations qui ont pu paraître ici où là montre cependant l’étendue des discriminations à l’ œuvre dans Parcoursup : les lycées sont ainsi classés et pondérés en fonction de leurs résultats. Un 18/20 dans un lycée de Seine-Saint-Denis pourrait valoir un 11/20 à Henri-IV, voire moins…
Si le gouvernement se défend de toute discrimination sociale et ose encore parler de réussite, ces méthodes ne permettent qu’une chose : la transformation complète des inégalités sociales géographiques en une discrimination consciente pour l’entrée à l’université. Une seule voie semble possible : celle d’une reprise du combat contre la sélection à la rentrée, autour des « sans-facs » et de touTEs les lycéenEs de terminale qui seront maintenant avertis que jouer à la roulette Parcoursup, c’est le meilleur moyen de flinguer son avenir.
Georges Waters