Publié le Vendredi 13 juin 2014 à 17h30.

Aubervilliers (93) : l’insalubrité tue

L’incendie d’un immeuble à Aubervilliers éclaire de façon dramatique la situation du mal-logement en Seine-Saint-Denis. Que des gamins soient les auteurs de cette catastrophe est un problème en soi. Mais que des poussettes auxquelles on met le feu puissent embraser toute la cage d’escalier et piéger ainsi des habitantEs obligés de sauter dans le vide, faisant deux morts et une dizaine de blessés, là est la vraie question.

Combien d’immeubles insalubres, avec des escaliers en bois, sans issue de secours et dont les normes de sécurité ne sont pas respectées ? La liste est longue des immeubles en Seine-Saint-Denis qui ont pris feu et ont tué : à Pantin, Saint-Denis ou Aubervilliers, les drames succèdent aux drames. Combien d’immeubles où les habitantEs sont obligés de faire des tours de garde pour prévenir les incendies ? Quelles sont les réponses des pouvoir publics ? Là où il faudrait un plan d’urgence pour répondre à la pénurie de logements, pour réduire l’insalubrité et construire des logements sociaux accessibles à tous, les pouvoirs publics, le département, les communautés d’agglomération, ont choisi la carte de la rénovation urbaine, de la « requalification » de la population. Les opérations ANRU permettent des destructions d’immeubles, et le nombre de logements construits est bien loin de répondre à la demande.

Pas de rénovation sans relogementLes listes des demandeurs de logements s’allongent, les centres d’hébergement, les résidences sont saturées. Ainsi, les habitantEs du 39 Gabriel-Péri à Saint-Denis, immeuble qui avait pris feu en septembre 2012, sont toujours hébergés sans proposition de relogement... Avec un parfait cynisme, les préfets prennent prétexte de ces incendies pour amplifier les expulsions d’immeubles insalubres, préférant des habitantEs à la rue que d’avoir à les reloger sous pression d’une opinion publique choquée. Cette situation est insupportable. Samedi 24 mai, plusieurs collectifs d’habitantEs expulsés ou menacés de l’être dans les jours à venir – comme celui des Baras de Bagnolet/Montreuil, du campement Roms des Coquetiers à Bobigny, ou encore les familles d’Aubervilliers qui campent depuis plusieurs semaines dans le centre ville suite à leur expulsion – ont marché à plus de 500 vers le ministère de l’Intérieur. Le préfet ne veut plus discuter ? Eh bien allons voir plus haut ! Tel était le sentiment général face à la banalisation de la violence de l’absence de logement. Du dimanche 15 au lundi 16 juin, une mobilisation sur le parvis de la préfecture de Bobigny, avec meeting et campement, va faire suite pour unifier les luttes locales et exiger enfin des réponses.

JMB