Publié le Mardi 25 novembre 2025 à 12h15.

Sans-papiers : à Grenoble, une occupation ouvre des portes !

Depuis le 19 novembre, une occupation d’ampleur a débuté à Grenoble : celle du siège de la « Métro » (la communauté d’agglo), où se sont réfugiéEs près de 70 familles sans-papiers, soit 150 personnes dont une trentaine d’enfants. 

Celles-ci vivaient jusqu’ici dans le quartier de la Villeneuve, dans des appartements du bailleur social Actis laissés vides et repris en main par des marchands de sommeil. Prisss en sandwich entre les menaces de ces derniers et une campagne d’expulsions lancée par Actis, ces familles se sont retrouvées à la rue alors que le grand froid et la neige s’annonçaient.

La pression sur les collectivités 

Avec le soutien du Droit au logement, mais aussi de forces syndicales (CNT en premier plan, mais aussi la FSU, Solidaires, la CGT) et du milieu associatif local, et après une première nuit dans un local municipal occupé, c’est à la Métro que les familles se sont abritées, histoire de mettre la pression sur les collectivités locales liées à Actis. Les négociations ont commencé et rapidement des pistes ont été trouvées (comme quoi, quand on veut…), notamment un hôtel vide aux mains de l’EPFL (Établissement foncier public local), dépendant de la Métro.

Parmi les éléments donnant force à ce mouvement, il faut noter l’existence préalable de liens entre ces familles, dont les hommes travaillent pour la plupart comme livreurs à vélo, certains ayant déjà été à l’initiative d’un embryon de syndicat CGT. Que la lutte soit autant que possible prise en charge par les premierEs concernéEs est apparu comme une évidence pour les principaux soutiens du mouvement, des structures et militantEs travaillant ensemble depuis déjà des années autour des occupations d’école et de l’exigence de l’application des lois de réquisition des logements vides.

Un mouvement de mise à l’abri qui s'amplifie

Grenoble fait en effet partie des quelques villes où, sur l’exemple de Lyon, s’est développé depuis quatre ans un mouvement de mise à l’abri d’élèves à la rue et de leurs familles dans des écoles. Ce sont ainsi actuellement 11 écoles qui sont « occupées », pour 18 familles hébergées. En trois ans, ce sont plus de 90 familles qui ont été ainsi abritées puis relogées, soit par l’État soit par les services sociaux de la ville. Les collectifs d’écoles sont réunis en intercollectif avec le DAL, le RESF, la FCPE, les syndicats CNT, FSU et Sud. Des assemblées générales des familles sont régulièrement organisées. L’existence de ces collectifs dans le quartier de la Villeneuve, où se sont déroulées les expulsions, a favorisé la réactivité du réseau militant lors des expulsions par Actis.

Au 25 novembre, l’occupation continue. Elle est déterminée, et l’espoir d’une solution pour toutes les familles est fort. En plus d’un élément essentiel à la vie des familles concernées, une victoire serait un encouragement puissant pour le collectif de livreurs et les organisations les soutenant. Ce serait aussi un nouvel appui à la campagne pour la réquisition de logements vides qui, à Grenoble, a déjà abouti à des promesses répétées du maire, Éric Piolle, de l’appliquer rapidement. Jusqu’ici, ces promesses sont restées lettre morte, mais cette réquisition serait un fort encouragement pour des mobilisations du même type ailleurs en France.

À Grenoble comme partout ailleurs : un toit ! Une école ! Des papiers !

Correspondant