Publié le Dimanche 10 septembre 2023 à 12h00.

Ile-Saint-Denis : après l’incendie, des questions et de la colère

Au cœur de la cité Maurice-Thorez, au nord de l’Ile-Saint-Denis, un incendie s’est déclaré le 19 août dans la plus haute tour. Malgré l’intervention des pompiers, trois personnes sont décédées : un adolescent, sa mère et une jeune femme. À l’effroi succède la colère.

Après l’effroi, les habitantEs se sont vite interrogées sur les causes de cet énième incendie dans cette tour de 12 étages. Son mauvais état est connu dans toute la cité. Les circuits électriques, le gaz, l’isolation, l’ascenseur : rien ne va ! D’ailleurs, des habitantEs s’étonnent qu’il n’y ait que des NoirEs et des Arabes dans ce bâtiment.

Très vite la solidarité de l’Île s’est déployée pour aider les victimes de l’incendie. Tout le quartier s’est mobilisé pour assurer aux victimes des vêtements, nourritures et surtout un soutien moral. La tour étant déclarée d’abord inhabitable le temps de l’enquête, les habitantEs ont été relogés dans des hôtels parfois très éloignés du quartier.

Un relogement problématique

Dans le gymnase mis à disposition par la mairie, les rescapéEs discutent, profitent du soutien matériel des associations et commencent à s’organiser en collectif avec l’aide du DAL (Droit au Logement). Le collectif permet à chacun de s’exprimer sur ce qu’il s’est passé : le traumatisme de l’incendie est très fort et personne ne souhaite retourner dans la tour dans ces conditions. Les habitantEs demandent un relogement durable pour toutes les familles de la tour, un dédommagement financier et surtout la vérité sur le drame.

Le bailleur, Seine-Saint-Denis Habitat, n’a relogé qu’une petite minorité de familles. Les autres doivent changer d’hôtels plusieurs fois par semaine alors que les enfants ont repris l’école. Pire encore, le bailleur, veut reloger contre leur volonté les habitantEs des 9 premiers étages de l’immeuble.

« Les gens avant les JO »

Mercredi 6 septembre, environ 200 personnes (familles, soutiens et quelques éluEs) se sont réunies pour exiger une nouvelle fois la vérité et le relogement durable des familles ailleurs que dans cette tour où personne ne se sent en sécurité. Les intervenantes ont pointé la fatigue des mères qui doivent jongler entre l’organisation de la rentrée et des temps de transports épuisants.

Ce tragique incident illustre le manque d’investissement des bailleurs et de l’État pour rénover les logements et en construire de nouveaux. Ce manque d’investissement est révoltant d’autant que dans la même commune l’État n’a pas hésité à dépenser sans compter pour construire le village olympique à temps. Le NPA s’associe pleinement au message de la banderole déployée par les habitantEs : « Les gens avant les JO ».