À la demande des associations humanitaires, le gouvernement a décidé dans le train des mesures qu’il a prises pour lutter contre l’épidémie du coronavirus de prolonger la trêve hivernale de deux mois. C’est bien la preuve que le logement est un secteur sensible dans lequel les salariéEs investissent beaucoup de leurs revenus, et le gouvernement ne pouvait faire l’impasse sur cet aspect de la question au moment où le confinement dans le logement s’impose.
Cette prolongation ne porte que sur le concours de la force publique qui ne sera accordé qu’à partir du début juin mais pas sur les procédures judiciaires engagées par les propriétaires ou les bailleurs qui, elles, pourront être engagées sans restriction. Encore faut-il que la justice suive. En effet, celle-ci est totalement engorgée suite à la grève des avocatEs, la réforme du Code pénal et enfin par le coronavirus. Si les procédures sont au ralenti, on peut craindre par contre un pic d’expulsions après le mois de juin pour rattraper le retard.
Mais le report des expulsions ne fait pas tout. Les associations (DAL, CNL...) ont demandé un moratoire sur les loyers et les charges durant la période de confinement. À juste titre. Le confinement va coûter plus cher à chacune et chacun alors que les revenus peuvent connaître une baisse brutale. La fermeture des restaurants d’entreprise et des cantines scolaires avec les repas à prix réduit et le repliement sur la cuisine à la maison va entraîner plus de frais pour les ménages. De même, la présence permanente de plus de monde à la maison surtout si elle s’accompagne du respect des consignes de propreté va entraîner des surcoûts de consommation d’eau et d’électricité.
Si Macron a annoncé des efforts pour les PME sur les charges et les loyers, il s’est bien gardé d’avancer sur ce terrain pour les particuliers. Il n’a pas été mis fin à la ponction sur les APL opérée par son gouvernement et qui continue de s’appliquer. Aussi, la nécessité d’un plan d’urgence social pour faire face à l’épidémie doit intégrer les questions du logement. Moratoire sur les expulsions, moratoire sur les impayés, moratoire sur les loyers, sur les coupures d’eau et d’électricité. Mais aussi réquisition des logements et bureaux vides pour mettre à l’abri dans des conditions décentes sans sur-occupation celles et ceux privés de logement. Réquisition des logements qui ont servi à AirBnb et qui ne servent plus à rien. Les discours gouvernementaux moralisateurs et autoritaires cachent mal que ce sont les classes populaires qui vont payer plus cher les effets de cette crise.