C’est une première dans l’agglomération grenobloise. Un arrêté de non-mise à la rue a été signé par le maire de Grenoble qui stipule que « lors de toute expulsion de domicile sur le territoire de la commune, il devra désormais être fourni au maire ou à son représentant qualifié la justification qu’une solution effective, décente et adaptée de logement ou le cas échéant d’hébergement ait été proposée à la ou aux personnes concernées ».
À Grenoble comme ailleurs, cet hiver a été particulièrement difficile pour toutes les personnes sans logement, baladées d’un gymnase à un autre, ou à l’hôtel… Dans l’agglomération, près de 4 000 personnes sont recensées sans-logis et 17 000 demandes de logements sociaux restent toujours sans réponse....Le front contre les expulsions animé par le DAL 38 s’est fortement mobilisé ces derniers mois, effectuant de multiples actions : contacts réguliers avec les hébergéEs, manifs, conférences de presse, rassemblements, soupes solidaires des mal-logéEs, pressions permanentes sur les maires, la communauté de communes et la préfecture… La marche contre les expulsions du 30 mars a rassemblé plus de 2 000 personnes. Mais c’est sans doute l’occupation d’un bâtiment vide appartenant à la ville de Grenoble par des familles sans-abri le 9 avril dernier, suivie d’une violente expulsion par la police, largement médiatisée, qui a poussé le maire à prendre une décision… Seule la lutte paie !
Un mouvement radical et ouvertLa stratégie développée par le DAL 38 et le Front contre les expulsions s’est avérée payante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, par sa pratique militante alliant actions radicales et formations sur le « droit inconditionnel au logement pour toutes et tous ». Objectifs qui supposent une activité sur plusieurs terrains : stages de formation, participation, pour la première fois, aux élections de représentantEs des locataires, permanences juridiques dans plusieurs quartiers populaires de Grenoble et la banlieue, mise en place de piquets anti-expulsion, lutte contre la gentrification de la ville, mobilisation contre le projet de démolition de logements sociaux à la Villeneuve par l’ANRU, la ville et la Métro, réquisition et soutien actif à un squat habité par des personnes migrantes, avec l’obtention d’une convention municipale… et surtout par une pratique démocratique : aucune négociation avec les institutions sans la présence des personnes concernées. Ce qui change considérablement les attitudes des édiles locaux !Cette activité de lutte unitaire a donné naissance à la création du Front contre les expulsions, dans lequel se retrouvent des syndicalistes (Solidaires, CNT), diverses associations dont la CISEM (coordination iséroise de solidarité avec les étrangerEs et migrantEs regroupant une quinzaine d’organisations), des squatteurEs, des partis politiques comme le NPA, des libertaires, quelques militants PC, les Lanceurs de tuiles (militantEs FI en rupture avec la majorité municipale)…Il s’agit maintenant de rester vigilants sur la mise en œuvre concrète de cet arrêté… Mais pour le Front contre les expulsions et le DAL 38 ce n’est qu’une étape : la lutte continue pour obtenir la même prise de décision sur l’ensemble de la métropole grenobloise (les 49 communes)… Et bien sûr on continue de harceler la préfecture afin qu’elle utilise ses propres compétences sur l’hébergement avec autant de zèle qu’elle utilise sa police au service de la propriété !CorrespondantEs