Le 16 février au matin, 60 CRS (dont une compagnie venue de Toulouse), 20 policiers et 4 camions de pompiers étaient mobilisés... pour expulser cinq familles, dont des enfants, d’une ancienne maison de retraite du CHU à Pessac, désaffectée depuis deux ans.
Ces familles avaient été abritées dans un gymnase dans le cadre du dispositif grand froid, puis remises à la rue après quelques nuits d’hôtel, avant d’investir ce bâtiment où tout était resté en l’état (jusqu’aux assiettes dans les placards de la cuisine et les livres sur les étagères de la bibliothèque !)…
Dès l’occupation connue, la direction du CHU (dont Juppé est président du conseil de surveillance) a immédiatement rendu les robinets inutilisables et fait couper l’électricité, empêchant éclairage et chauffage en plein hiver. Dans le même temps, elle saisissait le tribunal administratif qui, à peine 48 heures plus tard, donnait satisfaction au CHU !
Nouveaux hébergements
Dès lors, la préfecture a exigé l’évacuation, prétextant que « l’utilisation du réseau électrique et des circuits d’eau dans ce bâtiment où les dispositifs de sécurité ont été supprimés ferait courir un péril pour ces personnes »… alors même que c’est le CHU qui les avait coupés !
Pendant une semaine, voisins, personnels du CHU, étudiants de l’école d’infirmières, syndicats, militants se sont relayés pour aider et soutenir les familles face à la menace d’expulsion, exiger le rétablissement de l’électricité et de l’eau… Des diffusions de tracts ont eu lieu sur les marchés, aux entrées des hôpitaux, et un rassemblement a regroupé plus d’une centaine de personnes devant la direction du CHU.
Si la mobilisation n’a pu empêcher cette expulsion intolérable, des liens solides ont été créés, permettant de trouver de nouveaux hébergements pour tous. Comme le répétaient de nombreux soutiens révoltés, « Il y a une chose qu’ils ne pourront pas expulser, c’est notre solidarité ! »
Isabelle Ufferte