Les expulséEs de Saint-Denis viennent de faire l’expérience du discours cynique de l’État. Ils sont à la rue depuis le début juin et campent depuis cette date sur le parvis de l’hôtel de ville, dans des conditions difficiles.
Ils ont été expulsés de leurs immeubles, au 50 et au 103 Gabriel Péri, parce que ces derniers, insalubres, étaient frappés « d’interdiction à l’habitat » du fait de leur dangerosité. Mais si quelques familles ont été hébergées, l’essentiel des habitantEs, près d’une cinquantaine, ont été laissés à la rue sans solution. Vendredi 5 juillet, avec quelques soutiens, ils se sont rendus au ministère du Logement et ont pu être reçus. Le lundi 15 juillet, ils obtenaient la première rencontre avec la sous préfecture de Saint-Denis... soit un mois et demi après leur expulsion. C’est dire « l’empressement » des pouvoirs publics à leur répondre !
Quand rénovation rime avec expulsion
Dans les deux rencontres, le discours a été le même : en substance, « on vous a expulsé pour éviter un incendie. On est désolé, nous avons augmenté le nombre de places d’hébergement mais les demandes ont augmenté plus vite (sic) ; les hôtels sont pleins : plus de 3 300 places réservées pour la seule Seine Saint-Denis ; le 115 est complètement saturé, et nous n’avons pas pu fermer toutes les places ouvertes pour la période grand froid. Nous sommes obligés de faire un tri. Si vous avez des propositions à nous faire, n’hésitez pas ! »
Mais quand on fait des propositions concrètes de réquisition, alors là rien ne va plus ! Les gouvernements passent, les discours évoluent mais les mal-logés sont toujours mal-logés et les expulsés sont à la rue. En fait, Saint-Denis est en pleine rénovation urbaine, comme d’autres villes de la petite couronne parisienne. 40 % des immeubles privés du centre ville sont insalubres. Un dispositif État/agglomération/ville, le PNRQAD, qui permet de disposer de fonds pour réaliser la rénovation avec un volet social, est en fait l’instrument de cette sélection.
Nous pouvons nous attendre à d’autres expulsions, d’autant plus que nous sommes à moins d'un an des municipales. Le poids électoral des exclus du logement n’est pas grand. Seuls leur lutte, le campement, leur mobilisation, leur donnent voix au chapitre.
JMB