Notre adversaire, c'est la droite et le patronat, leur politique libérale qui pousse à l'accumulation des richesses au bénéfice des plus riches, détruit la protection collective du salaire socialisé, disperse les solidarités du monde du travail, cherchant à le morceler en autant de contrats individuels d'aliénation qu'il y a de producteurs, et livre les victimes brisées des catastrophes si peu naturelles et de la crise économique du capital à la charité compassionnelle des clergés réactionnaires et au gant de fer de l'Etat policier. Une politique qu'il faut battre dans les luttes et dans les urnes. Mais en toute lucidité. Sans taire nos désaccords avec la politique menée par le Parti socialiste et ses alliés qui dirigent 20 Régions sur 22 depuis 2004, qu'ils avaient prétendu instaurer en « contre-pouvoir » du gouvernement de droite… En fait, une « politique de sous-traitance de celle du gouvernement », pour reprendre la formule de Christine Poupin, tête de liste NPA en Haute-Normandie. Pour en faire la démonstration, nous exerçons ici notre droit d'inventaire sur le bilan des six dernières années de gestion sociale-libérale de la Région par Martin Malvy. Le site de campagne du NPA Midi-Pyrénées ouvre une rubrique « Arguments : les perles “de gauche” des présidents de Région »… Voici les deux premiers. Toutes les contributions de nos lectrices et lecteurs seront les bienvenues, dès lors qu'elles se fondent sur des documents publics et des informations de presse incontestables.
1. Martin Malvy au service des patrons de VilleMur Industries (ex-Molex)
Peu commentée, la déclaration de Martin Malvy, postée sur son blog personnel (http://www.martinmalvy.com/blOG/archives/320#more-320) le 16 septembre 2009, soit le lendemain même de la signature, « un revolver sur la tempe », du PSE par les représentants des salariés de Molex, épuisés et défaits, vaut d’être rappelée. En voici le dernier paragraphe :
« Il reste beaucoup à faire. S’agissant d’un fonds d’investissement, il n’est pas question – les collectivités locales n’en ont d’ailleurs pas le droit – d’apporter un quelconque soutien financier, ce qui aurait pu être le cas avec un repreneur classique. Par contre, nos deux agences régionales, Midi-Pyrénées Expansion et Midi-Pyrénées Innovation, seront ouvertes aux responsables de cette nouvelle unité s’ils le désirent. »
Pas de financement direct de HIG Capital (le fonds d’investissement en question), donc, mais la porte de Midi-Pyrénées Expansion et Midi-Pyrénées Innovation, deux officines, financées par la Région, de soutien et de pilotage des dirigeants d’entreprise désireux d’investir en Midi-Pyrénées, lui reste ouverte…Grande ouverte, puisque le 5 novembre 2009, le salon Midinvest (pièce jointe « MIDINVEST2009.pdf »), organisé par les deux officines en question, qui se donne « pour objectif d’accélérer la prise de contact entre les entreprises et les porteurs de projets innovants de Midi-Pyrénées (et plus largement du Grand Sud-Ouest et de l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée) ayant des besoins de financement, et les partenaires-clés de leur croissance, tels que les business angels, les holdings d’investissement, les sociétés de capital-risque, les dispositifs publics de financement de l’innovation », accueillait le directeur des participations de HIG Capital (voir page 3 du document joint « liste-participants-midinvest-2009.pdf »).
Ainsi, non soutenus directement par la Région, mais indirectement par Midi-Pyrénées Expansion, les « investisseurs » rapaces de HIG Capital sont choyés par un président de Région de gauche qui, publiquement, a dénoncé les ministres de droite Lagarde et Estrosi pour avoir introduit le loup financier dans la bergerie industrielle de Molex.Il faudra qu’il s’en explique pendant cette campagne électorale des régionales où il brigue un troisième mandat au service du patronat.Accessoirement, on aimerait entendre sur le sujet le point de vue de son 9e de liste, Denis Parise, qui, militant syndical et secrétaire du CE de Molex, s’est battu avec ses camarades pour le « restitution négociée de l’outil de travail aux salariés » (plate-forme intersyndicale du 7 juillet d’appel à la grève), sinon, à défaut, pour la reprise du site par un industriel, jamais pour qu'un fonds d’investissement vienne faire du profit sur le dos de la misère ouvrière…Accessoirement aussi, on aimera entendre celui des partis de la gauche antilibérale (PCF et PG) qui, au prétexte du vote « non » du bourgeois social-libéral fabiusien Martin Malvy au TCE de 2005, s’évertuent à le présenter comme un défenseur du monde du travail, et s’apprêtent à continuer à gérer la Région avec lui pour les six prochaines années… au service des investisseurs financiers.
2. Des présidents PS de Région «Janus à deux faces» porteurs des valises du patronat
Martin Malvy, côté cour, côté jardin… Pour en comprendre les ressorts, lisons ce qu’a pu en dire son alter ego de la région PACA, Michel Vauzelle, il y a plus de quatre ans. Ci-dessous, extraits d'un document public de la Région PACA (pièce jointe), curieusement intitulé « Vauzelle foncier » quand il s'agit des minutes de la réunion de lancement du SRDE (Schéma régional de développement économique), le 5 juillet 2005 (il a été adopté depuis en séance plénière, en juin 2006 / http://www.essenregion.org/annuaires/uploads/autres/file/SRDE_PACA.pdf).La date est importante. C'est deux mois après que Michel Vauzelle vient de se tailler une réputation d'homme de gauche intransigeant, ayant appelé à voter « non » au TCE, réputation qui, encore aujourd'hui, sert de sésame aux partisans des « majorités de gauche dans les Régions pour battre la droite sarkozyste ». Michel Vauzelle répond à Marc Reverchon, directeur général délégué de la Compagnie méridionale de navigation, président de la Fédération portuaire et maritime, qui l'a interpellé sur sa supposée « caricature des positions du Medef » dix-huit mois auparavant, lors de la campagne des élections régionales de 2004 (c'est aux pages 20 et 21 du document) :
« Dans cette période difficile et complexe, il faut écouter les chefs d’entreprise et leur dire avec respect que l’emploi et le développement de la richesse dépendent d’eux. L’époque où le patron était considéré comme un ennemi par les hommes de gauche est révolue. Nos concitoyens préfèrent voir les chefs d’entreprise et les élus bien s’entendre. Une région qui a un mauvais climat social est une région qui n’attire pas l’investissement. Il est clair que la politique sociale, la politique économique, la politique d’équipement forment un tout. Par conséquent, l’homme politique ne tient pas deux langages, l’un au peuple et l’autre aux patrons. L’homme politique est obligé d’être comme le dieu Janus à deux faces : l’une expliquant au peuple comment gérer les affaires délicates et l’autre gardant le contact avec les responsables économiques qui attendent de l’élu un langage encourageant et sincère. Il se peut que ma prise de position sur le référendum ait été mal comprise dans certains milieux économiques. Cependant, j’essaye, en tenant le même langage en direction de la population et en direction du patronat, de faire le lien entre les deux. Nous habitons la même région. Je sais que les patrons sont, tout autant que les travailleurs, attachés à la défense de notre région. Tout le monde est républicain et sert la même éthique républicaine. Ensuite, il faut voir comment faire fonctionner tout cela au quotidien.[…]Depuis sept ans, j’ai ouvert un bureau à Bruxelles et j’ai signé des accords de coopération, qui ont attiré l’attention de la Chambre des comptes. C’est ainsi que j’ai dû expliquer aux magistrats que je n’allais pas à Canton, à Haïfa ou à Alger pour faire du tourisme, mais pour promouvoir la région et accompagner les chefs d’entreprise qui revenaient les valises chargées de contrats. Dans un pays comme la Chine, où le politique a la mainmise sur l’économique, le fait de voir arriver en même temps l’autorité économique et l’autorité politique inspire confiance.[…]Dernier point, l’un d’entre vous a dénoncé le poids des réglementations dont la stupidité a été soulignée tout à l’heure et qui compliquent à l’envi la tâche des élus et des industriels. L’homme politique doit au contraire faciliter la vie du chef d’entreprise, surtout quand se rajoute la mondialisation qui, vous le savez mieux que moi, ne fait pas de cadeau. »Vous avez bien lu : « il faut écouter les chefs d’entreprise et leur dire avec respect que l’emploi et le développement de la richesse dépendent d’eux ». Sans commentaires !
Vous avez bien lu aussi. Michel Vauzelle, qui accompagne le développement à l'international en Chine des patrons de PACA, s'en justifie du fait que, dans ce pays, « voir arriver en même temps l’autorité économique et l’autorité politique inspire confiance ». En clair, il singe et flatte un régime totalitaire de parti unique qui mène tambour battant une politique ultra-libérale d'accumulation du capital au profit d'une oligarchie despotique détruisant tous les acquis sociaux de la Révolution populaire de 1949 (le code du travail a été aboli dans les « zones franches », les syndicats indépendants y sont interdits, les journées de travail peuvent y atteindre 12 heures à 15 heures et les licenciements sans indemnités y sont la règle). Côté cour, le Parti socialiste, avec toutes les organisations démocratiques en France, proteste quand Sarkozy et son gouvernement s'assoient sur les droits humains en Chine lors de leurs voyages d'affaires au service des grands patrons du pays. Côté jardin, nous avoue son premier élu en Région PACA, il fait la même chose que Sarkozy.
Peut-on réellement défaire la politique de la droite en PACA en gérant la Région avec Michel Vauzelle, authentique et fier porteur des valises du patronat ? Peut-on la défaire en Midi-Pyrénées avec Martin Malvy, serviteur des amis financiers de Lagarde et Estrosi ?