On parle beaucoup des violences policières mais on pourrait aussi parler, et même autant, des violences judiciaires, au sens d’une répression politique qui ne s’arrête pas aux agressions des forces de l’ordre lors des mobilisations. Car il y a bien un « après » manifestation. Quelle illustration avec cette histoire à peine croyable, qui s’est déroulée à Bordeaux ! Celle d’une dame qui, en sortant du restaurant, avait croisé la manifestation des Gilets jaunes, un samedi après-midi de décembre 2018.
L’ambiance est très tendue, et cette dame est touchée sérieusement dans le dos par un tir de LBD, dont elle ressent les séquelles durant plusieurs mois. Ces blessures lui feront au final perdre son boulot. Elle porte plainte, l’affaire suit son cours très lentement. Pas possible au pénal, alors ça passe au tribunal administratif, lequel a rendu sa décision en février dernier.
La victime sera bien indemnisée mais pas autant qu’espéré car elle est considérée comme en partie responsable de sa situation, à 25 % (c’est assez précis), les juges lui reprochant « une imprudence fautive ». En effet, elle ne « pouvait pas ignorer le climat insurrectionnel », alors que faisait-elle dehors ? Le message est clair, quand les policiers se lâchent contre les manifestantEs, alors il faut rester chez soi pour ne pas risquer de prendre une balle perdue. C’est compris ? De cette manière, la justice, du moins quelques juges, couvrent délibérément des violences policières elles aussi bien délibérées.
C’est comme un signal lancé, celui d’un pouvoir bien déterminé à intimider, à faire peur, à briser pour faire taire toute contestation. Une volonté confirmée et renforcée ces dernières semaines, par la multiplication des exactions policières suivies très souvent par une « justice » qui condamne sévèrement et injustement les manifestantEs, à des mois de prison avec sursis et à des amendes, notamment les jeunes qui sont rafléEs lors des manifestations houleuses, comme à Bordeaux, là encore, ces derniers jours.