Le 18 juillet, un consortium de médias internationaux et Amnesty International révélaient l’existence d’un vaste réseau de surveillance internationale, organisé au moyen d’un logiciel au nom digne d’un titre de James Bond : « Projet Pegasus ». Dirigeants politiques, opposantEs, militantEs, journalistes : des dizaines de milliers de personnes ont ainsi été potentiellement surveillées « grâce » à un programme, conçu par l’entreprise de sécurité informatique NSO, qui permet d’« aspirer » les données d’un téléphone potable, y compris celles transmises via des logiciels cryptés.
Une énième démonstration du développement permanent de techniques et technologies de surveillance, et de l’appétit des gouvernements – ici notamment le Maroc, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou encore le Mexique – pour ce type d’outils qui leur donnent les moyens de contrôler toujours davantage les populations et la société civile. Rien de bien surprenant, diront certains adeptes du « Et alors ça vous étonne ? » Quand bien même : l’ampleur du phénomène Pegasus et le niveau d’intrusion que le logiciel israélien permet devraient alerter toutes celles et ceux qui sont un tant soit peu attachés à la défense des libertés publiques.
En effet, la révélation du « Projet Pegasus » n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Au contraire, elle confirme la fuite en avant généralisée dans la surveillance globale, et le fait qu’en l’occurrence les principaux utilisateurs identifiées du logiciel soient des régimes autoritaires ne doit pas faire illusion : les « démocraties » sont tout aussi friandes de ce type de technologies, outils idéaux pour accompagner le cours autoritaire que nombre d’entre elles suivent depuis plusieurs années, a fortiori avec la crise sanitaire.
Les cris d’orfraie de Gabriel Attal, qui a parlé de « faits extrêmement choquants qui, s’ils sont avérés, sont extrêmement graves » n’en sont que plus hypocrites, alors qu’il est le porte-parole d’un gouvernement qui a multiplié les législations liberticides et qui poursuit chaque jour, à défaut d’obtenir l’adhésion à ses politiques, sa fuite en avant dans l’obsession du contrôle, actuellement avec l’imposition du pass sanitaire. Les révélations concernant le « Projet Pegasus » sont révoltantes et spectaculaires, mais elles demeurent la partie émergée de l’iceberg : contre la société de la surveillance généralisée, le combat pour la défense de la démocratie et des libertés publiques doit s’amplifier.