Le premier tour des élections municipales est marqué par une abstention record, le rejet massif du gouvernement, et une poussée du FN. Autant d’indicateurs significatifs d’une crise profonde.
C’est une victoire historique... pour l’abstention. Celle-ci est passée de 30 % en 1995 à 38,62 % en 2014, ce qui est beaucoup pour une élection qui mobilise traditionnellement les électeurs. Cette abstention massive n’est pas homogène, et touche davantage les milieux populaires : elle s’élève à 62 % par exemple à Roubaix ou Vaulx-en-Velin.Elle entérine la rupture radicale entre une partie des citoyens et le pouvoir à tous les niveaux. C’est un ressentiment profond contre des institutions qui n’apportent pas de réponses aux problèmes concrets de la majorité de la population (emploi, logement, égalité des droits, qualité de vie...). Cela traduit l’opinion de toutes celles et ceux qui n’espèrent plus aucune amélioration de leur situation dans le fait de voter à droite ou à gauche.Affaires sordides, magouilles, mensonges ont fait le reste et beaucoup d’électeurs ne veulent plus participer à cette mascarade de démocratie. L’électorat de gauche, particulièrement déçu, est celui qui a le plus boycotté cette élection.
Défaite cuisante du gouvernementLe NPA expliquait dans cette campagne que les questions locales et nationales étaient liées parce que les décisions gouvernementales de réduire les dotations aux communes, de supprimer des services publics, de désengager l’État de politiques dont il a la responsabilité, l’éducation nationale par exemple, pèsent lourdement sur les habitants. La défiance vis-à-vis de ce gouvernement socialiste qui fait une politique de droite a été totale.Au soir du premier tour, c’est cela que traduisent les résultats : 6 élus pour la gauche au gouvernement contre 16 pour la droite et un pour le FN ! Un effondrement politique du PS qui recule de 5 à 20 points selon les villes.Le dégoût de la politique s’exprime aussi dans les bons résultats, non seulement dans les petites communes, mais aussi dans des villes moyennes, des listes sans étiquette. Elles jouent parfois un rôle important d’arbitre pour le deuxième tour. Elles semblent indiquer que pour les électeurs, il faut mieux choisir des gestionnaires qui paraissent honnêtes et qui n’affichent pas d’ambitions autres que celles de la « bonne gouvernance » de leur commune. C’est l’idée même de politique qui recule !Dans la très grande majorité des grandes villes, le PS est en ballottage même là où sa liste était passée au premier tour en 2008, ou bien arrive même en troisième position derrière le Front national, comme à Marseille par exemple.
Poussée dangereuse du FNSa stratégie d’implantation a été payante : il est passé de 118 listes en 2008 à 597 en 2014. Dès le premier tour, il est arrivé en tête dans 7 villes et peut déjà se vanter d’avoir gagné 473 élus dans les conseils municipaux, cela dès le premier tour.Il crée ainsi des bastions dans le Nord, un peu dans l’Est et dans le Sud-Est, dans les villes et quartiers dans lesquels les habitants sont particulièrement maltraités par la crise sociale et le désespoir politique. Il prend la ville de Hénin-Beaumont, et à Lille il améliore son score de 11 %.Surfant sur le rejet par les habitantEs des affaires de corruption qui touchent autant le PS que l’UMP, il se veut aujourd’hui un parti respectable, proche des habitantEs, capable et efficace dans les réponses aux besoins des populations. Sa réussite se construit sur les défaites des partis institutionnels et aucun front républicain n’empêchera celle-ci.
Et maintenant reprendre la rue !Le NPA était présent sur 87 listes, dont 54 de façon unitaire, avec différents partis (parfois le PG, le PC, les Alternatifs, Ensemble, le MOC, des associations locales...). Dans tous les cas, ces listes ont regroupé bien plus que les militantEs encartés. Si nous n’avons pas pu capter le mécontentement populaire, nous étions bien présents : pour proposer une alternative politique clairement anticapitaliste, pour construire une opposition de gauche à ce gouvernement, pour faire entendre un discours clairement opposé au Front national, à la droite et à cette « gauche » de gouvernement qui n’a de gauche que le nom.Ce combat pour une autre société débarrassée du profit, au service du plus grand nombre, ne sera gagné que par nos luttes et nos mobilisations. Pour cela, il faut reprendre la rue, coordonner nos luttes, unir toutes celles et ceux qui entrent en résistance. C’est le sens que nous voulons donner à l’initiative unitaire du 12 avril : « Maintenant, ça suffit ! »
Roseline Vachetta
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